Dans la gueule de la marmite,
trois beaux navets vont tombant,
chutez navets jaune et blancs !
Trois flammes dansent autour de la marmite
dans leurs beaux atours rougeoyants.
Dans le ventre de la marmite
trois beaux navets vont nageant
le plus gros rêve à ses mérites
et aux belles amours d’antan,
le plus rond songe aux royaumes
et aux montagnes, aux grands vents
sur les forêts et les vagues.
Le plus blanc pense au joli temps
où il poussait en plein champ.
Sur les flancs de la marmite
trois flammes rouges vont chauffant.
Si la plus courte ronge sa bûche
et soupire aux frissons du vent,
la plus haute danse impatiente
dans le grand air du soufflet.
La plus souple tourne en rêvant
en rêvant à la soupe cuite
qu’elle ne goûtera jamais.
Sous le fond de la marmite
nichée dans la suie noire collante
au mitan de la cendre blanche,
entre les trois pieds de la marmite
la faim aiguise ses trois grandes dents.
***
Chanson de cuisson écrite en écoutant la version cid’ssus de , enregistrée par un ami, voyageur imaginaire.
Illustration : Cuisiniers préparant le repas des civils à Herne dans la Ruhr, agence Rol, 1923. Bnf/Gallica
C’est bon à lire et on y est.
Merci ‘vy !
Allez, à la soupe bonnes gens !! L’eau m’en vient à la bouche …
Merci André, et une bonne soupe de doux navets, une !
Incroyable comme la musique s’adapte à tes mots ou bien est-ce le contraire ? Peu importe,
là, la musique était enregistrée avant de songer à l’accompagner de mots. ça n’est pas si facile, d’autant que le morceau est très chargé d’images et d’ambiance ; faut trouver la place des mots !
Zut, mauvaise manip, je disais donc peu importe on entend le chant de la cuisson et les parfums qui dansent aussi 🙂
Laurence, autant pour le grand poisson, je m’étais contenté d’écouter la musique et d’écrire, autant cette fois-ci j’ai fait gaffe a décortiquer le morceau pour saisir sa métrique ; pas au point d’écrire une chanson qui collerait à la mélodie, mais assez pour y dénicher la « ritournelle » qui m’a donné les premières phrases
question métaphysique cependant ! sur les trois navets, combien sont blancs ? il y a le plus blanc, mais est-il plus blanc que les jaunes ou plus blanc qu’un autre blanc ? bonne soirée Carnets
du coup j’ai corrigé le texte : il y a un navet jaune et deux blancs, dont un plus blanc que l’autre blanc.
ça colle ?
viiiiiiii la reprise est bonne 😉
Ah, on me dit que « les navets jaune et blanc », cela voulait dire que chaque navet était à la fois jaune et blanc.
🙂
non ça c’est des endives 😀 😀 😀
pas d’accord : l’endive n’est pas jaune est blanche, elle est fade et amère
😦
tout est question d’interprétation…. et on peut diminuer l’amertume de l’endive 😀
Une collaboration toujours impeccable entre auteur et interprète 😉
Bravo, un joli moment
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Merci Célestine ; ce coup ci, c’est l’écriture qui s’est glissée dans la musique !
Je viens de finir de diner et ça me redonne faim !!
alors, à table ! Navets pour tout le monde 🙂
Bon jour,
C’est prenant, c’est envoûtant, c’est le goûtant des mots … loin d’être un navet ce texte flambe amoureusement dans le ton et les sons… j’adore… 🙂
Max-Louis
Merci Max-Louis ; le goût des mots vient de ce qu’ils ont longtemps trempé dans la valse d’ O’Carolan (accessoirement, l’auteur a aussi longuement mariné et se demandant comment écrire quelque chose qui ne soit pas une simple illustration fade de la musique)
Oh ! C’est terrible et joli à la fois !
Ah, si c’est « terrible et joli » c’est réussi 🙂
à mon idée, les trois navets sont un peu cousins des trois canards de la chanson, et la marmite est bien sûr chaudron de sorcière ; s’agissant de manger, il était normal que la faim soit là, et là à la fin.
Mais entre ce qu’on imagine et ce qu’on écrit (et ce qu’on imagine écrire !) il y a de la place…. ce qui laisse d’ailleurs de l’espace pour l’imagination des lecteurs, heureusement !
Délicieux, qu’il fait bon déguster ce joli plat accompagné de cette charmante ballade.
Merci à tous les deux.
Merci Dominique ; écrire sur de la musique est toujours un plaisir (pas toujours facile, parce que la musique raconte déjà beaucoup de choses, autrement et mieux que les mots… mais quand ça décante, c’est un plaisir !)
J’ai faimmmmm
faut laisser aux trois navets
le temps de nager
faut laisser aux trois p’tites flammes
le temps de danser
faut laisser à la faim
le temps d’aiguiser ses dents
🙂
Avec 3 navets tu nous offres un met délicat et poétique, l’assaisonnement musical est en parfait accord et on se régale.
Merci almanito 🙂
Comme c’est joli et poétique! Je n’ai jamais imaginé la cuisine comme ça!
Moi non plus ; c’est la musique qui m’a obligée 🙂 !
Autour du chaud de la marmite
trois beaux grands hommes vont rêvant
que quand la soupe sera cuite
elle f’ra le bonheur des enfants
Dans leurs visages on lit l’envie
qu’il s’ensuive un moment de fête
pour les familles accablées
par une bataille aussi bête…
‘Scuse le sérieux, paresseux.
J’ai été curieuse quant à l’histoire de cette photo…
Merci Caroline ; le sérieux est toujours bienvenu ; et cette photo mérite bien tes mots !
Moi j’aime pas les navets. 😦
Je n’en raffole pas non plus, mais en poème ça passe mieux que dans l’assiette:)
Mais j’adore cet air irlandais, et l’idee de la soupe dans la marmite. J’y ajoute juste des carottes et des pommes de terre.
J’ai pas pensé aux carottes, mais aux oignons, à l’ail et aux patates…. mais ça voulait dire un couplet de plus à chaque nouveau légume… alors, on dira que les navets représentent la grande famille des légumes à soupe (licence poétique).
Merci victorhugotte
chanter le navet est assez rare, c’est joli comme tout, on dirait un classique ancien
Chanter le navet est rare ? et le navet maria alors ?
🙂
(hum…)
hihihi !
Quel plaisir de découvrir ce texte et cette musique.
Vous faites de bien belles choses messieurs. J’espère que vous continuerez à régaler notre imagination. Bravo, Bravo, Bravo !!!