Oh ! Les prés les champs les étangs
courent, courent à perdre haleine.
Les buissons les arbres l’herbe du talus
filent vers là où je ne vais pas.
Ah ! Les petites autos sur les routes,
châteaux d’eau, clochers, collines,
et les tracteurs dans les champs,
courent de chaque côté du train.
Là ! Même la pluie, et la nuit les lumières,
s’exodent inexorablement
comme là-haut les étoiles, la lune,
filent là où je ne vais pas.
C’est à peine si les gares s’arrêtent
rien qu’un instant le long du train.
Suffit d’un sifflet à roulette
Illico la course reprend !
Lors les maisons les bosquets
les prés, les forêts, les monts
villes et villages gyrovagues
filent là où je ne vais pas.
Croyez-vous qu’un billet retour
me rendrait les monts les étangs,
les vaches, l’ombre et les moutons
éparpillés à travers champs ?
Non, fontaines, garenne et lapins
sont parés au rebrousse-chemin !
comme là-haut feront les nuages
qui filent là où je ne suis pas.
***
Un petit poème gyrovague pour marquer la fin de l’hibernation et le retour des transhumances.
Illustration : Theilley, inauguration de la ligne électrique Paris-Vierzon, le 22 décembre 1926, Agenre Rol, BnF/Gallica
🖤🖤
Merci Christine !
Joli poème 😉 Mais qu’est-ce qui pousse à tant de transhumance ? N’est-on pas bien où on vit ?
Ce qui pousse à temps de transhumance ? tout bouge tout le temps, même les moutons ! tout, sauf l’observateur immobile que tout fuit ! 🙂
Très joli « voyage » ferré ! 🙂
Merci Dominique ! un voyage immobile au milieu d’un monde en fuite 🙂
Tout pour s’évader (:
Merci Amélie : tout s’évade, sauf le narrateur immobile !
Gyrovague, que c’est un joli mot, tellement plus adapté que SDF, ou péripatéticien. ;o)
Même si ce dernier a plus de chien, à mon goût.
Merci LaCraie 🙂 oui, gyrovague est très beau mais trop rare…
Rare pour l’instant, j’ai quelques relations dont je ne serais pas surppirs qu’elles l’adoptent. Ça prend en général quelques mois. Merci à toi de ce fort joli texte.
Merci à toi ! essayons donc de le radopter. Et si ça ne marche pas, on en sera quitte pour un coup de gyrovague-à-l’âme !
On a envie de se pencher à la fenêtre de ce train pour voir tes prés et tes nuages
mais c’est défendu de se pencher par la fenêtre du train !!! C’est un truc à se prendre un mouton gyrovague dans la figure ! 🙂
È pericoloso sporghersi comme on dit ! En même temps si même les moutons sont gyrovagues le danger est partout 🥺
‘Xactement ! et si le danger est partout, plus la peine de faire attention ! 🙂
On va juste éviter les escarbilles et les crottes de mouton🤣🤣🤣
Fin de l’hibernation début juin, c’est ça la « grasse-hibernation » ?
oui, j’hiberne tard… un effet du changement climatique ? ou de mes flemmes chroniques ?
Ils filent, ils filent les paysages le long du train immobile?
Joli!
Bon après-midi,
Mo
Merci Mo : tout bouge, sauf le train : c’est la nouvelle devise de la sncf 🙂
J’aime bien ton poème gyrovague, Jérôme !
Merci Jean-Louis ! assez gyrovagué, je reviens 🙂
A reblogué ceci sur LES CHOSES DE LA VIE MELI MELO.
…
Ah ! Les nuits, les matins et les jours
à passer des quais à l’envers
On s’rait pas surpris qu’un beau soir
le train soit devenu rivière
…
Si le train devient rivière
matins et soirs à l’envers
demain peut revenir hier !
merci Caroline 🙂
Ravissant !
merci Almanito 🙂
C’est rigolo de voir la nature et tout ce qu’elle contient courir en direction d’on ne sait trop quoi au final, pendant que le voyageur, lui, tranquillement les regarde, assis dans son compartiment… 🙃 Les trains sont des spectateurs assidus des déplacements du monde. 😃
oui, du point de vue du voyageur, il n’y a rien de plus immobile qu’un train (et ceci n’est pas une vacherie envers la Sncf 🙂 )
Chouette poème.
Je me demande ce que penserait une vache qui regarderait passer le train.
les regardent-elles vraiment passer ? c’est ce que croient le voyageur et le mécanicien, mais ont-ils raison de le croire ?
Que ce poème va vite comme le train …
écrit après quelques voyages en train (pas toujours aussi rapides 🙂 )
J’ai directement pensé à Yves Montand sur ce magnifique poème de Prévert « en sortant de l’école ». Bravo Jérôme et vive la fin de l’hibernation. Il était temps: juin débute déjà!
Bonne fin de journée.
« En sortant de l’école », je l’avais oublié, mais oui j’ai entendu Montand chanter Prévert, il y a longtemps (en 45 tours, pas en concert)… j’ai du le garder dans un coin de la tête.
De retour agréablement à la lecture de tes écrits après une longue éclipse, à moitié imposée par les circonstances, à moitié paresseuse, je suis très heureux d’y replonger avec ce poème dont la rythmique m’évoque le regard qui s’égare lorsqu’un train fend la campagne
Merci Julien de ton regard égaré ( 🙂 ) et de ton retour !