Si le titre est Tutti frutti…

…alors au bout du premier vers s’impose frutti di mare,
qu’on soit au bord de la mer, ou sur le quai à Réaumur,
(Sébastopol-Émile-Victor maraboutés dans un murmure)
au bout du bout de la rue Mouffetard ou sans un souffle à Murano.

Quel sort, quel destin, quel mystère relient soudain le gentil Nautilus
et la bonne platée du soir, tomates, origan et pâtes Lustucru,
chaine de mots sonores qui mène inexorablement au brave crustacé,
tout comme madame Édith appelle monsieur Cerdan ?

C’est ainsi, chaque mot à son prochain s’enchaine, crée un monde entier,
de nouveaux univers, de jeunes galaxies, mille comptines ponctuées d’yécri-yécra,
où en songe on s’égare, chute, tombe, et, fatal, s’écrabouille.

Las, pleurer, chouiner, ni pleutrement répéter Ouille la la !
pas plus que le recours au savant dictionnaire – ne ramène le calme ni l’aménité :
si le son et le sens s’emmêlent, c’est pour toujours. Ite missa est.

***

Poème du dimanche en marabout-d’ficelle-de-ch’val sur une proposition de Tiniak pour l’agenda ironique de janvier ; fallait au moins 150 mots (y en a 151 environs) dont trois mots ou expressions de la liste suivante : Tutti frutti, frutti di mare, marée, dentier de, crabe, crabouille, ouille la la ! amen, aménité, ite missa est. Paresseux, j’ai pas choisi.

Illustration : [魚づくし]. , 伊勢海老と芝海老 / 一立斎広重画 / Iseebi to shibaebi / Ichiryūsai-hiroshige-ga, Gallica/BnF