Devant la machine en miette – quel gaffeur a eu l’idée de faire des cabines aussi étroites ? – elle regarde la photographie où, quatre fois répétés, se reflètent ses traits : cette fois c’est bon !
Combien d’essais pour obtenir ces photos ? Suivre les consignes officielles a été un calvaire : se tenir assise dans cette boite étroite le dos bien droit, le visage découvert, sans accessoire, tête nue, de face, regardant droit devant, les cheveux ne sortant pas du cadre, pas maquillée comme une voiture volée – de toutes façon, rien ne masquera les cicatrices – et sans sourire (ça, elle sait faire). Elle se dirige vers le service des passeports quand elle entend les sommations des plantons et comprend que le strict respect des consignes ne suffira pas à faire avancer son dossier. Alors, la créature de Frankenstein file en grondant :
– » Sans passeport, mes vacances de Noël sont à l’eau… Mary Shelley, je te préviens que tu vas rembourser mon billet d’avion ! »
***
Sur une proposition de Pandora Black, une flash fiction (1000 signes max) ; ce dimanche, thème « vacances » ; et pour l’agenda ironique de décembre chez Photonanie (Noël), la reprise d’une vieille histoire de photomaton maquillée pour l’occasion comme une voiture volée.
Illustration : Anatol Josefo et sa machine permettant à une personne de se photographier sous huit poses différentes et d’obtenir une épreuve. Gallica/BnF
Je rigole, ici c’est encore samedi 😁
ben, où t’es, toi ?
Ben au Québec 😉
oui ça je sais, mais Flying Bum ? 😀 😀 😀
J’ai des amis à Tilly près de Quebec tu connais ?
Au Québec.
au Québec aussi 😮 y en a du monde là-bas !!! Tu connais Tilly ? ou Levis ?
Oui, deux villes près de Québec la ville. J’habite plutôt la rive nord de Montréal.
ça rigole jamais les photomatons ! on se demande pourquoi ils cherchent à enlaidir la race humaine…. mais vu les portraits qu’ils délivrent c’est plutôt la porte ouverte pour les Baumettes ou Fleury Merogis
Une histoire de photomaton qui finissait bien, c’était celle de miss Poulain, non ? 🙂
ben oui, mais c’est pas souvent ! et puis miss Poulain elle partait avec un avantage physique sur les candidats lambda à la photo 🙂
Franchement un truc qui fait froid dans le dos vu les températures extérieures c’est pas très chaleureux de ta part 😉
Amélie Franken ?
@ Carnets Paresseux : Frankenment… ces boîtes « Photomaton » sont devenues une copie conforme des cellules des « matons » qui les administrent : par exemple, pour un passeport ou une carte d’identité (CI, en abrégé), la consigne est :
– Ne souriez pas, et enlevez vos lunettes…
Si bien qu’on en arrive, paradoxalement, à une photo qui gomme tout signe de reconnaissance particulier par une intelligence très… artificielle, comme si le sourire et les lunettes étaient des « accessoires » incompatibles avec la personnalité humaine.
Belle photo ancienne, à l’image de ces ordinateurs, à l’époque, de la taille d’une armoire à glace et qui occupent maintenant, avec les mêmes capacités, ou supérieures, la place d’un petit bureau !
L’idéal de Photomaton (sous la coupe réglée du « ministère de l’Intérieur » (sic) : que tous les clients se ressemblent une fois pour tous, et que la police, finalement, se débrouille !!! :-^)
Pour des photos officielles de passeport, on n’a pas eu l’autorisation de les faire en photomaton, il a fallu passer par un photographe agréé et prendre RV par téléphone… Ben si…
Je viens de faire renouveler mon passe port, et mes photos « matons » ont été acceptées.
Tu m’as bien fait rire avec ton « pas maquillée comme une ouature volée » !
Maintenant, je regarderai les fautes aux matons d’un autre œil.
Bonne soirée, Jérôme.
Du 2 en 1 qui vaut bien une mention !
[…] Carnets paresseux; La faute au photomaton […]
Merci pour le raccourci vers les votes, cher carnetsparesseux.
Tu comptes au nombre de mes suffrages, d’ailleurs.
Allez zou, des bisous sous le houx !
Comme je compatis, je fais des passeports et cartes identité toute la journée..Cette histoire de photomaton je l’entends tous les jours! Et tous les jours je fais des heures sup, soit très tôt le matin ou le soir pour permettre à toutes les victimes du photomaton d’avoir tout de même leur titres 🙂
Les photomatons, c’est un drame sartrien pour personne seule. Tu nous le rappelle très efficacement. La dernière fois que j’ai dû m’y rendre, la voix de la machine m’a demandé d’arborer une « expression neutre », une injonction paradoxale s’il en est, composée de deux mots qui paraissent opposés, et qui m’a plongé dans la confusion.
Oui, le beau paradoxe de l’expression inexpressive… personnellement, je rêve d’une émoticone neutre.