Cette nuit, le vent a fait tourner des centaines de petits cœurs en papier à travers la place, les entassant aux perrons et les glissant sous les pas-de-porte. Ils ont été lancés hier, sur les mariés, par la noce déboulant hors de l’église ; puis tout le monde est monté en auto pour continuer la fête, sauf bien sûr les cœurs. Ce matin, deux employés municipaux conduisent les petits cœurs en cortège avant de les fourrer dans de grands sacs plastiques transparents.
Un auteur malin en tirerait une belle intrigue : l’un de ces deux-là serait le témoin de la mariée d’hier. L’autre, allez-savoir ? Et puis il y aurait matière à réflexions morales ou cyniques sur la fragilité du bonheur et l’entêtement naïf qu’il y a à vouloir l’appâter avec des cœurs en papier. L’œil sur le ballet des balais dont le faisceau en plastique vert imite bizarrement la brassée de branchettes des balais de sorcière, je me dis juste que c’est le même endroit – qu’importe les figurants – tout bonnement pas au même moment.
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Sur une proposition de Pandora Black, une flash fiction (1000 signes max) ; ce dimanche, thème « festivité »
Illustration : mariage de Charles Spencer-Churchill, duc de Marlborough avec Gladys Deacon, le 25 juin 1921, place d’Iéna, Paris, Gallica/BnF
Joliment triste…
pas si triste, si ? je jute que je voulais pas que ça soit triste, juste un peu désabusé 🙂
La chanson « Les p’tits papiers » de Régine aurait pu accompagner cette fable maritale… 😉
merci dominique ; curieusement, il n’y a pas tellement de chansons sur les petits papiers qui volent….est-ce que Régine aurait tué le job, comme on dit dans les sphères autorisées ?
🙂
Et moi je me dis que v’là des coeurs
au grand bonheur le vent !
Merci, Carnets.
Des cœurs, même en papier, c’est toujours bien…
Volent volent, les p’tits cœurs en papier !
Hmmm.,.. je ne vais pas pouvoir faire une distribution de petits cœurs rouges ici, comme sur Insta… Alors je vais te donner deux petites pommes pour cette histoire. Une jaune et une verte.
Moi aussi j’ai pensé à la chansons des « petits papiers » en te lisant. Merci de cette accroche. Comme tu le dis ton histoire de coeurs en papier donnent envie de suivre leurs aventures. Merci également pour m’avoir fait découvrir ce blog avec des défis sympathiques.
Quel que soit l’appât, il faut aller chercher le bonheur car « Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé » (Christoper McCandless qui a fait l’expérience d’une mortelle solitude).