« La courgette et les pâtes !! »
Tous se taisent, l’oracle a parlé. Tous ? Légumes, condiments, féculents, tout le petit monde qui peuple la cuisine et le garde-manger. Perchés sur leur étagère attitrée, même les épices restent coites. L’oracle ? c’est la courge ! Elle a toujours raison, l’expérience le montre chaque jour. Pour ce midi, les pâtes peuvent se préparer à cuire al dente avant de passer à table nappées de fines lamelles de courgette poêlées dans l’huile d’olive. Chacun se doute que des feuilles de coriandre fraiches et fraichement hachées suffiront à l’assaisonnement. Les autres peuvent attendre leur tour, qui viendra ce soir ou demain.
La discussion est close.
Ce soir le débat reprendra. Comme à chaque fois, chacun aura son idée, son opinion, ses craintes, ses espérances, nés des bribes de conversation entendue à l’office, de l’envie de trôner dans le grand plat du dimanche, de brefs aperçus de la page du livre de recette consultée par la cuisinière (les épices haut perchées sur leur étagère ont souvent sur ce point l’avis tranchant de ceux-qui-savent), des racontars des nouveaux fraichement débarqués du marché, des dates de péremption qui courent et des angoisses de blettir oubliés au fond du panier. Jusqu’au moment où la courge parlera.
Demain, après-demain, le débat sans fin recommencera, qu’une fois de plus la courge clora d’une sentence péremptoire. Comment fait-elle ? On a d’abord cru à la chance, puis au bluff, mais il faut bien se rendre à l’évidence : sitôt qu’entre la cuisinière, la courge sait le menu. Infailliblement.
Mais comment, infailliblement, le sait-elle, le menu ?
Tout simplement :
La courge est télépathe.
***
Une recette accompagnée d’homophonie approximative.
Illustration : Prosper-Alphonse Isaac, Radis, BnF, Gallica.
Il y a la courge spaghetti aussi…
oui, un jour son jour viendra (sera-ce celui des spaghetti aussi ?)
osera-t-elle l’oracler ?
C’est évident sinon on ne croirait pas à cette histoire enfin!
Et pourtant c’est une histoire vraie (puisque je l’ai inventé, ajouterait Boris Vian)
Vivent tes homophonies approximatives, Carnets Paresseux.
(Note que si tu prives la courge de ses pattes, il reste toujours la courge en sac.)
jolie, la courge en sac !
Mme la courge nous épate et vive les pates 😋
🙂
et, en plus, la recette est vraie, simple, et excellente !
oui , je l’ai déjà mijotée , les pates n’ont presque plus aucun secret pour moi ( sans vouloir t’épater 😉 )
Pas gourde, cette courgette ! Dégourdie même, dans le genre cucurbitacée. (Pas comme cet empoté de potiron.) 🙂
On reparlera du potiron 🙂
Ah ces potins culinaires… Faut-il les croire?
c’est dans les vieux potins qu’on fait les meilleures soupes, parait-il (mais faut-il le croire ?) !
Rigolo comment le tableau des bloggeurs qui « aiment » vos textes se teinte plus féminin quand il s’agit de cuisine 😏.
Recette savoureuse !
j’avais pas fait gaffe ; faudrait que je compare avec mes textes qui parlent de motorisation et de clef de douze.
😂
poésie, mon cher carnets, poésie
comme tant vous y faites!
c’est à nous en cuisiner l’âme…
Merci Caroline 🙂
Recette accompagnée d’un verre devin, of courge!
Pour rester dans l’approximatif…
j’ai bien le verre devin ;on peut tout lui demander, il sait.
sinon, de courge à courage, il n’y a qu’une lettre (l’a perdre, et le plus courageux devient bête comme courge)
whaou vous êtes tous en forme pour les commentaires sur ce texte qui ne laisse pas de mettre en appétit…. Le potimarron en a blêmi sur l’étage hère du haut. Merci Carnets, j’attends la prochaine recette 🙂 mais ne va pas cuisiner des cagouilles, hing !
ils sont en forme, hein !?!
rassure toi, moi vivant, nul cagouille ne sera cuisiné sur ce blog ! 🙂
je savais que je pourvais compter sur toi 🙂 bonne journée Carnets
Délicieux !!! C’est vrai que les épices et les aromatiques sont un régal pour qui aime les mots. Mais la recette est magistrale.
Merci aussi pour la belle estampe, ou comment faire d’un radis une oeuvre d’art.
Merci ! quand un mauvais jeu de mot vous envahit le cerveau, la seule recette que je connaisse pour m’en débarrasser est de l’embarquer dans une histoire 🙂
et oui, Prosper-Alphonse Isaac est un très bel estampeur, méconnu, mais très bon !
Le radis a ses fans mais la courge est concurrencée par Sibeth Ndiaye (« en marche » de nouveau).
Les épices, c’est tout.
Le maître-queux organise tout son concert à la baguette craquante : belle symphonie gustative (et flaubertienne par un certain côté) : après « Le Carnaval des animaux », voici « La Bourrée des légumineuses » éclairant la scène de leurs parfums soudain visibles ! 🙂