« Nous allons avoir du vent tout à l’heure, grommela Jukes.
– Eh bien ! qu’il vienne, dit Mac Whirr avec dignité et indignation. Ce que j’en dis, c’est seulement pour vous montrer, monsieur Jukes, qu’on ne trouve pas tout dans les livres. Toutes ces règles pour esquiver la brise et contourner les vents du ciel me semblent la pire folie, pour peu qu’on les considère avec bon sens.
Il leva les yeux, rencontra le regard dubitatif de Jukes et essaya d’illustrer sa pensée.
– À peu près aussi comique que votre invention extraordinaire de mettre le navire debout à la lame pendant je ne sais combien de temps, pour donner plus d’aise aux Chinois ; quant tout ce que nous avons à faire, c’est de les déposer à Fou-Tchéou, vendredi avant midi, dernier délai. Si le temps me retarde – très bien. Votre journal de bord est là pour dire la vérité au sujet du temps.
Mais supposez que je me détourne de ma route et que ceux de là-bas me demandent :
« Où avez-vous été pendant tout ce temps-là, capitaine ? »
Qu’est-ce que je pourrai répondre ?
« J’ai changé de route pour éviter le mauvais temps.
– Il devait être fichtrement mauvais, diraient-ils.
– Ça, je ne peux pas le savoir, devrais-je répondre, puisque je l’ai évité. »
***
Paresseux, il semble que je renâcle à l’idée d’écrire, alors, pour une fois, je pique à Joseph Conrad une page que j’aime bien, tirée de Typhon (traduction d’André Gide) et écrite il y a 117 ans : tout lien avec l’actualité d’aujourd’hui serait donc évidemment fortuit.
illustration : Louis-Ernest Lessieux, affiche pour la Banque Maritime, imprimerie Dubois & Bauer, 1920. Gallica/BnF.
Ce Typhon avait nettement précédé celui qui s’abattit sur le cinéma français avec le film d’Yves Ciampi en 1957…
Gide préférait sans doute la navigation, même s’il donnait parfois de la gîte, dans les « nourritures terrestres », et rester en rade qu’on dit plus calme. 😉
Le navire peut-il éviter le coup de vent et survivre aux vagues scélérates ?
L’avenir nous le dira mais les marins savent bien qu’avec la mer il est impossible de tricher…
Bon voyage à votre navire personnel, on lui souhaite des alizés sucrés et cléments.
Je ne l’ai pas lu ce livre-là…
Donc, il transportait des Chinois?
Les temps invitent à renâcler…
Brrr, je viens d’aller voir « Rien d’assez solide »; décidément, il est temps que Thérèse -et son feuilleton- repasse entre vos mains.
on a tous le droit d’être Paresseux de temps en temps ……… surtout quand on a un surnom comme le tien 😉
Bon jour Carnetsparesseux,
Alors, t’es où ?
Dois-je penser comme le protagoniste de l’histoire : « J’ai changé de route pour éviter le mauvais temps » … ?
En attente…
Max-Louis