Leur passage ?
Du repassage
l’heure passe, âge dur,
« pas ça, je… »
L’heureux dû ?
Repas sage.
***
Petit poème triplement homophonique (les deux derniers vers redoublant le titre) pas particulièrement autobiographique malgré ce que le cinquième vers peut laisser croire mais bien au contraire tissu de pure fiction et de vagues réflexions sur la vie qui passe, le destin ignoré des personnes qu’on côtoie sans jamais les connaître, les espoirs déçus les doutes, les regrets mal comblés par la brève satisfaction purement alimentaire retirée du travail quotidien qui mange le temps qui court, ni franchement joyeux ni absolument neurasthénique et pour tout dire un peu vain, et dont à l’instar des homophonies d’Alphonse Allais et plus généralement de la glose dont s’entoure la gnose, le paragraphe d’explication nécessaire est plus long que l’oeuvre même, ce qui l’apparente de curieuse manière à l’art contemporain dont la valeur est fréquemment proportionnelle à la longueur et l’obscurité du cartel d’accompagnement.
Illustration : École d’apprentissage, rue de Babylone, Paris, 1926. Agence Rol, Bnf/Gallica
L’art contemporain, il faut s’y fer (même si on a parfois des vapeurs)… 🙂
🙂
Vu les prix atteint sur le « marché d’lart », certains diraient même qu’il vaut six fers. De quoi rendre jaloux l’avant garde des promoteurs des arts ménagers
🙂
Fer le re-passage, re-passer, pas le fer ! that is the question
fer et re-fer, c’est la devise du repasseur 🙂
C’est un très bel exemple d’art contemporain, qui a tendance à attirer l’attention sur les explications davantage que sur l’oeuvre. Cela dit, pour connaître pas mal d’artistes, ils font ça en général pour les subventions, et pour satisfaire ceux qui n’ont pas d’autre rapport à l’art que le « qu’est-ce que ça veut dire? »
Merci Julien ; je ne suis pas contre les subventions, mais j’ai du mal à jouer à « qu’est-ce que ça veut dire ? »
s’il faut qu’on m’explique une oeuvre, c’est qu’elle n’est pas pour moi ni moi pour elle (et ça n’est pas grave du tout)
🙂
Alors ça, je le comprends très bien. Mais toute une partie du public ne voit même pas l’oeuvre si on ne lui raconte pas « ce que ça veut dire. »
il y a quelque chose de curieux quand même dans l’idée qu’une oeuvre doive nécessairement être expliqué… imagine-t-on un livre ou une chanson dotés d’un appareil critique et explicatif ?
préciser quelques points clefs,pourquoi pas, mais tartiner des pavés (d’ailleurs peu lisibles…), c’est plutôt souligner le décalage entre l’artiste et ses amateurs nécessairement subtils et brillants et le public banal, évidemment pas assez cultivé pour apprécier sans béquille. Dans le domaine politique, ça m’évoque la pensée complexe revendiquée par un certain président français, pensée trop subtile pour être saisie par la population…
mais ne nous égarons pas !
🙂
Oh, moi qui suis un grand amateur d’art contemporain, je ne lis jamais les explications, ça rend les choses beaucoup plus intéressantes.
paresseux, je fais pareil, au risque de comprendre autre chose que ce que l’artiste voulaitdire 🙂
Je lis les cartels dans un deuxième temps, mais pas toujours.
L’heure pas sage du repas dure …euh…ça je ne sais pas…
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
pas mal Célestine, c’est presque dans l’ordre 🙂
et ça veut encore dire quelque chose !
A l’heure pas sage ce petit poème passe sans heurt !
Et l’éclat de rire qui a suivi la lecture de la note explicative prouve bien que parfois celle-ci à son importance 🙂
J’ai adoré !
Merci Laurence ; je milite pour que l’art du cartel soit reconnu à sa juste valeur !
(et si on écrivait d’abord les notes explicatives avant de demander aux artistes de créer des oeuvres s’en inspirant ?)
🙂
Haha, ça donnerait sûrement des résultats fort différents des notes d’intentions de départ !
C’est assez probable 🙂
yapluka faire le teste ? chiche ?
Ma grand-mère disait déjà « fer et des fers c’est travailler » 😉 et on comprenait bien que « sage ou pas sage, tu fais quand même »
Je n’ai jamais prétendu avoir inventé quelque chose de nouveau 🙂
Bravo ! Dans le livre de Christian Bobin « La plus que vive » il y a un fabuleux passage sur les femmes qui repassent !
Merci Marinade
Pas lu ce livre là 😦
C’est un livre d’une grande poésie.
hop, dans ma pile à emprunter à la bib
🙂
Je n’aurais jamais deviné avant de lire la notice explicative que ce petit poème était si compliqué!
En écrivant ce poème ce matin, je ne pensais pas qu’il serait suivi d’une aussi longue notice 🙂
Dans la vie, faux pas sans fer…;-)
J’aime tes jeux de mots…
les repas sages et les repas pas sages
et tous les passages
qu’ils soient durs ou doux,
vers un aïe heure…
Celui qui saura me faire aimer l’art content pour rien
peut repasser
Comme toi je ne comprends pas que ce qui est lu par l’oeil sans codage
doivent être déplié (et tronçonné ?) par les mots
Cela revient un peu
à disséquer le corps (du délire ?)
—
J’aime beaucoup l’illustration
qui parle d’elle-même
La dame qui promène son fer…
(Je ne suis pas très présente, mais j’adore ton blog… inventif, drôle, SANS AUCUNE fôte d’aurtografe…. et donc, sois bien remercié !)
Ils me plaisent assez, ces vains jeux de mots et leur humeur.
Quant au repassage, c’est de l’amour. Sinon, ça froisse et ça plie – deux notions que j’aime par ailleurs, s’il ne s’agit pas de linge.
Faire un repas sage ! Ce n’est pas ma tasse de thé 😃