Il était une fois une grande forêt…

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Il était une fois une grande forêt si ensevelie sous l’hiver qu’il semblait que rien n’y bougerait plus jamais. Dans les arbres mordus par le givre, pas un oiseau ne voletait entre les branches couvertes de neige, pas un écureuil ne se hissait le long des troncs glacés. Sur le sol invisible sous l’épaisse couche blanche qui recouvrait tout, rien ni personne ne remuait. Les sources et les ruisseaux étaient immobiles et figés comme pierre. Pas un souffle de vent : l’air même semblait gelé. Seul le bref craquement d’une branche trop chargée de neige rompait par instant le grand silence glacé qui couvrait les bois. Perché sur une haute branche, un corbeau silencieux et renfrogné constituait l’unique tache sombre du paysage. Oui, vraiment, la forêt était si blanche et si froide qu’il semblait bien que rien n’y bougerait plus jamais.

Ah, si : au beau milieu de tout ce blanc, une petite silhouette se déplace lentement dans le petit chemin qui zigzague entre les troncs. On la distingue mal, à moitié cachée par les grands arbres et les hautes congères. Elle approche. C’est une gamine, emmitouflée d’un grand manteau rapiécé et précédée d’un petit nuage de buée. Un panier est posé sur la luge qu’elle tire derrière elle.

Que fait-elle toute seule dans la forêt ?

Elle marche en silence. Seuls le faible crouic–crouic de ses pas dans la neige et le chouich des patins de la luge entament – bien légèrement – le grand silence de la forêt. Mais voilà que ces bruits minuscules, aussi légers soient-ils, distraient de sa sieste un grand loup maigre. Du fond de sa tanière, il tend une oreille maussade. Avec lui se réveille la grande faim qui gronde dans son ventre vide. Qui est assez hardi pour troubler son repos ?
Autant en avoir le cœur net ! Il sort doucement de sa tanière, s’ébroue en bâillant et regarde pensivement la buée qui sort de sa grande gueule rouge. Il aspire une goulée d’air glacé, hume un inattendu parfum de farine et de beurre ! Alors, il se met en route en silence, suit l’odeur tiède de buissons en congères jusqu’au bord du chemin creux.

 

 

 

***

En route pour un feuilleton de Noël qui durera jusqu’à… Noël !

Illustration : New York public library, digital collections.

30 commentaires

  1. j’adore les feuilletons de Noël ! heureusement qu’il y a la touche replay sur les blogs sinon je ne verrais pas la fin pour cause d’absence !!! profitons déjà du début et espérons que ce loup soit veggie

    • tu pars loin d’internet ? mais sinon, oui, le conte pourra encore être lu en janvier 🙂
      un loup veggie ? Imagine la panique chez les carottes et les salades !!

      • je n’avais pas pensé à la terreur végétale 🙂 Internet n’est jamais loin, mais je m’applique à ne pas me connecter quand, rarement dans l’année, je suis vec mes enfants…. ces instants sont trop précieux pour les raccourcir 😀 je rattraperai le retard après 😀

  2. Ah voici venir une revisitation d’un des plus célèbres contes qui soient…
    Je me régale déjà et j’ai la certitude que cela continuera!

  3. Belle initiative, j’habite maintenant au pied des montagnes, le lieu parfait pour découvrir ton feuilleton de Noël 🙂 ! Beau dimanche, Sabrina.

  4. Belles promesses, le décor est planté de cet avent qui nous fera cheminer jusqu’à noël au pays des contes à rester éveillés debout ! Chouette, j’adore les contes de Noël.

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