Un fruit du buisson qui ouvrirait l’imagination ? Jusqu’à saisir bon ou mal, ou pour avoir un avis moins obtus. Un futur tout frais s’ouvrant d’ici la nuit, pas moins ? Moins d’un quart d’instant passa, puis son avis fut pris : la nana attrapa un fruit dans sa main, puis croqua dans l’abricot divin (pour d’aucun, un brugnon – mais non). Aussitôt, ça phosphora plus vif dans son occiput :
-« Voilà un fruit nutritif, bon, joli à voir, aiguisant mon humour, dopant mon ciboulot. Ça, un mauvais plan ? Non mais, Kaa a raison, Manitou nous dupa !…Voyons, j’ai pour compagnon un costaud mignon mais pas malin, aimant, mais au citron ramolli : moi, un mari idiot pour toujours (il n’y avait alors pas tant d’options ici-bas) ? Mais… faut voir …pourquoi pas ? Avoir un amant imaginatif ? un vrai bon copain ? un gus pas trop idiot ? un grand fou loyal à mon plaisir ? Oh oui ! Alors faisons rôtir un bout d’ananas, ou sinon donnons au gars un noyau d’avocat cuit. Quant au Grand patron, tant pis pour Lui ! Son paradis ou moi, il Lui faudra choisir ! vilain jaloux ! »
Il arriva donc ça : à son tour son gars gouta au fruit cuit, y croqua, puis l’avala.
Aussitôt chacun vit son corps nu, su aussi son conjoint à poil. Alors, chacun mit un cordon autour du bidon, y crochant un tissu tombant du nombril jusqu’au tibia.
Soudain la voix du Manitou qui faisait son tour du jardin, tonna. Un maquis profond abrita illico nos fuyards craintifs.
– « Hou hou ! mon gars, joli pantin, vu ! on sort du buisson » ! hulula soudain Grand-Barbu.
Pantin justifia son action : « On a voulu un abri pour nos abattis, car Ta voix nous a fichu un gros frisson : courir à poil, ça va pour un animal, mais pour nous, ça craint trop. »
– « Mais qui t’as appris la frustration, mon garçon ? Oh, mais toi, tu aurais pris du fruit du savoir ? Toi, tu goûtas au bon radis phosphorant ? j’avais pas dit non, à ça ? ça vous plaisait pas la situation d’avant ? »
L’ingrat trahit illico :
-« La souris, là, m’a dit ça « si on boulottait un abricot du buisson, ça n’irait pas plus mal dans son Paradis, mais ton ciboulot irait moins ramollo, mon coco ». Sûr, mon tympan n’aurait pas du ouïr ça. Moi, j’aurai du sortir avant, voilà, patron, tu m’as pas fait malin, alors j’ai pas su » !
à suivr’
* * *
En hommage à James Ussher qui a assigné la date du 23 octobre -4004 à la naissance du monde, une transcription de la première semaine de la Genèse lipogrammée en e.
illustration : Les Heures de la Vierge Marie, 15e siècle. BnF/Gallica.
Wow!! Du grand Carnets!! Le petit Jesus en culotte de velours!
Le petit Jésus arrive beaucoup plus tard dans l’histoire, non ?
merci Victorhugotte 🙂
Ah, on ne parle que trop peu du radis phosphorant défendu !
🙂
J’aime quand ça phosphore comme ça dans le ciboulot ! Du grand art rupestre. Merci à vous !!
Merci Marie-Christine 🙂
L’économie du « e » se fait au profit de l’expansion irréistible du « a » (un monde des « a » digne de la SF !)… 🙂
Le monde des A, mais oui (souvenir !)
(Alain Damasio a écrit une nouvelle sur la marchandisation du vocabulaire, mais il reste la monétarisation des lettres) 🙂
irrésistible
Ah ! V ! Qu’aurions-nous fait sans son culot ?
Sans culot, pas d’hari (hum…)cot, nul gigot 😦
Tu es trop fort !
Remplacer la pomme par l’abricot, fallait oser !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
cinq fruits par jour, of course 🙂
Il y a loin de la coupe au lièvre, donc la tortue gagne, c’est ce que je dis depuis l’autre jour.
loin de la soupe au lièvre, aussi 🙂
et la tortue gagnera toujours (elle a déjà sa propre maison, alors que le lièvre n’a qu’un gite, le pôvre….
trop malin 😀
C’est toujours le meilleur qu’on interdit, pas d’abricot que je préfère cent fois à la pomme et pas de E, c’est vraiment ceinture et pourtant ce récit passe comme un coulis. D’abricot 🙂
🙂
Comme un mets à déguster par petites bouchées pour en découvrir toute la saveur, plus les épisodes s’écrivent plus c’est excellent ! 🙂
Voilà j’ai eu ma dose du jour (2 pour le prix d’un, c’est encore meilleur)
Eh oui, le pantin est un vilain cafteur et peut-être même un menteur… Mais bon, c’est lui qui a dû écrire l’histoire… 😉
tu as raison, rien de tel qu’un menteur pour raconter une histoire 🙂
Bon jour,
Ça fait un vrai carton tout au fruit, la passion …un bol de riz n’aurait pas fait autant parmi chinois ou japonais … pourtant l’ombilic naissait quoi qu’on disa … giga bravo …
Max-Louis