Grognant larmoyant reniflant
Malheur et Misère par le monde,
chemin chemine cheminant,
sèment tout à la ronde
tristesse, chagrin et poussière.
Malheur dit un jour à Misère
« Sœur, depuis l’temps qu’on va,
Chemin chemine cheminant
On est riche à pleine soupière.
Et si on s’payait du bon gras ?! »
Misère répond à son frère
« Essayer des amusements ?
Chemin chemine cheminant
laissons de côté nos affaires
on s’en va jouer à être heureux »
Malheur s’offre une trompette
un fifre un tambour des baguettes
chemin chemine cheminant
la sœur aussi est de la fête,
la voilà, chapeau sur la tête
Robe à volant et des rubans,
Misère devenue coquette !
Chemin chemine cheminant
voici la sœur, voici le frère
Riant buvant et tout dansant !
Bien essayé, mais rien à y faire
Bientôt l’est bouchée la trompette
chemin chemine cheminant
aigre le vin, tournée la bière
déchirés chapeau et ruban !
Bientôt l’un pleure sa poussière
l’autre dansotte en geignant.
Chemin chemine cheminant,
faut-il plaindre amèrement
pauvre Malheur, triste Misère ?
Les voilà plus mauvais qu’avant
maugréant toujours à la ronde
Chemin chemine cheminant
Misère et Malheur par le monde,
tristesse, chagrin et poussière.
***
Un petit poème à la morale absente, écrit en écoutant l’ami Voyageur imaginaire jouer Gloomy Winter’s Noo Awa.
illustration : Tarot à enseignes italiennes, dit « de Marseille », avec mentions divinatoires manuscrites attribuées à Melle Lenormand. Éditeur, Jean-François Tourcaty, 1734-1753. Bnf Gallica
Malheur (ou Malher) et Misère = Musique (fort bien choisie pour l’occasion qui fait le larron en foire)… 🙂
Merci Dominique ; la musique est un « démarreur » étonnant qui m’a conduit cette fois ci en pleine foire au larron !
🙂
Que voilà un beau couple !
Essayant d’échapper à sa nature foncière, mais n’y parvenant pas…
On aurait pourtant bien aimé ! 😉
Peut-être une autre fois…sur une autre musique ?
Merci ! « une autre fois » ? peut-être bien… j’ai l’impression que le poème est un peu « frais », et que je ne suis pas allé au bout de ce que ce drôle de couple avait à raconter
🙂
Et mauvais ils y resteront
fidèles à l’histoire de la Terre
chemin chemine cheminant
et aux cons et aux présidents
qui en font toujours leur affaire…
Merci Caroline pour cette version contemporaine de cette ritournelle hors du temps 🙂
Un joli bond au temps passé que j’aime tant et dont je vante régulièrement les gravures et lettrines…
Merci ; j’aime beaucoup aussi ces images et ces lettrines : elles racontent beaucoup !
Je suis bien d’accord et puis certaines lettrines ont un graphisme qui peut largement concurrencer celui de logos actuels…
chouette récit d’un temps passé. Si Malheur et Misère avaient réussi à s’en sortir, je pense que ça se saurait ! le happy end n’est toujours pas programmé ! merci Carnets, retournons à la taverne voir ce qui s’est depuis passé………
Oui, je pense que Misère et son frère sont toujours en vadrouille….et pour longtemps !
🙂
Ça n’a pas marché leur histoire, parce qu’on ne peut pas « jouer » à être heureux… Très beau, comme souvent. (Cette jolie musique m’a ramenée au « Grand poisson dans le ciel ») 🙂
Comment ça, on ne peut pas « jouer » ? Mais alors comment apprendre ?
et si ça n’a pas marché, c’est peut-être bien de ma faute : Norge, lui, (je viens de l’apprendre) a mieux raconté sa version de l’histoire :
« Le malheur
Enfin, le malheur arriva. Guillaume l’attendait depuis toujours. Logis, pitance et amour, le malheur trouva tout à son gré. Il s’installa chez Guillaume qui l’entoura de mille soins. Et le malheur en fut si touché qu’il rendit Guillaume très heureux. »
🙂
et de Misère au Grand Poisson, c’est toujours le même musicien…
Oui, j’me disais bien… j’aime beaucoup cette sonorité. Ben voilà, suffisait d’un Guillaume 🙂
Bon jour,
Comme une ode qui d’une strophe à une autre nous mène par la main de l’écriture et a par voix de la musique dans l’antre de la narration …
Très beau texte.
Max-Louis
Merci Max-Louis ; la musique m’a soufflé le « chemin chemine cheminant » et indiqué la forme de la ritournelle a glisser autour 🙂
Chanté sur cet air là?
;
ça se pourrait (décidément, la famille Misère et Malheur est pleine de cousins et d’oncles !!)
Je pense que Géo ne renierait pas ton poème… Et moi, je me dis que la tournure de tes textes, mélodies, ballades et ritournelles donnent envie de rimer et de rythmer. J’ai quelques uns de mes amis, dans la musique traditionnelle, qui sauraient mettre violons, cornemuses, épinettes et accordéons pour mettre en partition cette harmonie de mots.
Merci Carnets… sincèrement, tu es talentueux.
Merci !!! et si tu connais des gens qui auraient envie de musiquer mes ritournelles écrites en sifflotant, dis-leur qu’ils sont les bienvenus 🙂
Ah, oui mazette, quel talent, quel raconteur d’histoires, quel aventurier des mots et de leur plaisir toujours renouvelé ! J’avais enfilé ma chainse et ma cotte, ma touaille et mes poulaines pour déguster le plaisir de l’aubade accompagnant ce joli texte ! Du grand art, je vous le dis, gentes dames et jolis messieurs.
Merci Anne : Malheur et Misère reviendront forcément dans une histoire ou une autre 🙂
trés chouette
🙂
On ne se refait pas 😀 excellent!
On ne se refait pas… Norge, plus malin que moi, a laissé sa chance au malheur (voir quelques commentaires ci desssus)
🙂
Il est beau comme tout, ton poème, j’aurais aimé l’écrire, mais il n’aurait pas si bien chanté !
Merci Frog ! Maintenant, je veux lire ta version de Misère et Malheur 🙂
Magnifique votre poème, ainsi que l’ambiance. Merci du partage.
Merci Mariana !