Sous le pâle soleil d’avril
l’ombre tirait les ficelles
des petits cœurs ingénus
dans la dentelle de vieille ville
le frêle entrelacs de ruelles
où nous nous taisions, émus.
Domaine des matous indociles
des chats de gouttière rebelles
évité par les chiens des rues,
résille tissée de venelles,
abri des amours fragiles
et du bonheur entr’aperçu.
Sous le pâle soleil d’avril
l’ombre tirait les ficelles
de nos deux cœurs ingénus.
Un jour un cabot imbécile
effaroucha nos sentinelles.
Les chats ont sitôt disparu.
Alors le printemps volubile
et nos mémoires infidèles
(qu’est notre amour devenu ?)
nous ont fait perdre le fil
du dédale de dentelle,
Nos petits cœurs à la rue.
Fini le pâle soleil d’avril
l’ombre choisit son ombrelle
Avril ne reviendra plus.
***
Un poème d’avril écrit il y a cinq ans (comme le temps passe !). C’est ce soir son anniversaire, alors je l’ai rhabillé façon ficelle, et voilà. Illustration : impasse des Hautes-Formes, 1913. Agence Rol. BnF/Gallica
Sublime !
merci Marinade 🙂
Très jolie histoire toute tentative comme la lumière du printemps. Je vois qu’Avril est revenu depuis lors. Et puis le poème a grandi, s’est remplumé je crois. Double chapeau pour la scène, les images, les mots choisis !
Merci ! « le poème a grandi », oui. Je crois que je préfère la première version (en lien dans le billet) plus dense ; mais je voulais voir où ça pourrait aller en « plus long » ; et j’aime bien aussi 🙂
Ça valait le coup de mettre le nez dans tes archives !
tu as raison : faut toujours garder un oeil (ou un nez) sur les archives !
Avril ne reviendra plus???
Mai?
Mai?
Mai?
bon, d’accord, avril reviendra, mais cet avril là…. et il y a certainement ici ou là des mais et même des octobres qui ne reviendront plus 🙂
merci Barbara
Verlaine ne l’aurait pas renié… chapeau bas.
Merci Valéry 🙂
Toujours piètre commentatrice quand je suis touchée.
Alors…
❤
mais, j’ai rien dit !
si : merci !!
🙂
Très beau et très à propos pour enfiler le petit débardeur à dentelle du mois de mai ! Heureusement que tu as eu la bonne idée de republier ce poème car il y a 5 ans
.. laplumefragile n’était pas née !
Merci laPlume ! faut pas hésiter à aller farfouiner dans les archives, parce que je ne vais pas tout republier tout les cinq ans 🙂
c’est sûr ! mais c’est vrai qu’on a tendance à donner la priorité à l’arrivage frais.
🙂
mais le frais du jour, c’est le futur mijoté de demain 🙂
Mmm miam ! 😗😋
Tout ciselé de tendresse et de nostalgie..
merci almanito 🙂
Oh la la que de souvenirs en lisant ce poème.
5 ans déjà ? 5 ans seulement ?
Tellement de choses se sont passées depuis la fin de ce mois là, plein de chiens et de chats.
Tu lui as fait une bien jolie nouvelle toilette (même si j’aime beaucoup la première version… c’est mon côté nostalgique).
Bravo cher Dodo.
Hé oui, cinq ans… j’ai été le premier surpris quand j’ai vu la date de publication de la première version ! comme dit un peu plus haut, je préfère la première version que je trouve plus dense ; mais je ne vais quand même pas dédaigner la nouvelle 🙂
Très bon anniv, cher Dodo !
Superbe poème.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
merci Céléstine ; c’est l’anniv’ du poème, pas le mien 🙂
Avril reviendra avec un an de plus,
avec quelques plumes en moins sans doute et quelque nouveauté c’est sûr,
nostalgie, regret…prends ton mouchoir si tu le veux mais reste couvert car avec mai les seins de glace arrivent 😉
Je sais bien qu’avril reviendra : il est déjà revenu cinq fois depuis la première version de ce poème ! Et je vais me couvrir avec des mouchoirs pour ne pas m’enrhumer en mai
🙂
Ravissant. Voilà un fruit à qui le temps a joliment profité.
Avril ne reviendra plus cette année, mais heureusement, il y aura celui de l’an prochain, et tous les autres qui suivront.
Joli 1er mai ! ☀
Merci ! oui, il y aura des tas de derniers avrils à fêter !
Ils ont tout dit ! tout dit ce que j’aurais dit ! Une plume délicate, subtile, qui, sur les pointes, sautille en harmonie sur l’air printanier de tes mots ! Bravo le Dodo.
Merci Anne
« z’ont tout dit » » : c’est aussi ce que je me dis des zinnombrables zimmortels qui peuplent les bibliothèques 🙂
On imagine ces amoureux habitant Montmartre à la Belle Epoque et vivant bien cachés…
Il y a un rythme particulier, une ritournelle très réussie dans ces strophes à trois vers.
Cet anniversaire a donc été assorti, pour nous, d’un beau cadeau !
Je les vois plus niché dans les années 50, entre Doisneau et Brassens, et plutôt Porte des Lilas 🙂
(mais ils sont bien où on les rêve).
Merci !
C’est délicat et fragile comme un matin d’avril sous les pommiers en fleur…
merci Mo ; oui, les pommiers en fleurs, comme un instant de grâce qui passe. Et puis vlan ! voilà mai et l’année reprend son cours….
Bon jour,
Le temps passe et se découvre de fil en fil comme un présent, comme une permanence à tenir … En tout cas un très beau texte par une belle plume 🙂
Max-Louis
Merci Max-Louis, le temps passe et moi je ne trouve pas le temps de venir commenter 😦
Pas de problème … 🙂
C’est extraordinaire. Je l’ai lu à haute voix en le savourant comme un berlingot.
Merci Julien ; oui, c’est une sucrerie nostalgique faite pour être lue à haute voix, ou, mieux, chantée 🙂
C’est superbe et musical, tendre et délicat, empreint d’une certaine mélancolie. Les vers te vont vraiment bien!
Merci Narines !!
Bravo !!!
🙂