Le vent qui vient de la rivière
souffle un air de vase et de foin.
Droit sur son socle de granite
le lampadaire ouvre grand
son œil rond et prudent.
La ville est vide et noire et nue,
seules étincellent les enseignes
du Mercator ou du Chesterfield,
tous lieux aux noms évocateurs
d’autres lieux, de meilleurs lointains.
Le vent qui vient de la rivière
souffle un air de sel et d’embrun.
Droit sur son socle de granite
le lampadaire veille en sifflant
un refrain de Pierre Mac Orlan.
Bientôt viendra l’heure municipale
où l’Atlantic et le Zanzibar
fermeront leurs yeux de néon.
Chacun chaloupera sur le pavé houleux
Lestés de rhum clair ou d’émétique amer.
Le vent qui vient de la rivière
court la ville et le ciel nu.
Seul sur son socle de granite
le lampadaire sourit
à l’étoile sa sœur en plein ciel.
***
Écrit pour l’agenda ironique de mars, chez le Dessous des mots.
illustration : Place blanche, 1923. Agence Rol, BnF/Gallica
Magnifique !!!
Merci !
Vaillant lampadaire! Joli poème 🙂
« vaillant petit lampadaire » ; c’est qu’il n’a pas le choix, planté dans son socle en granite, il est là pour longtemps, sans bouger 🙂
Brillant! Quel moment atmosphérique et olfactif! – Découverte de Pierre Mac Orlan dont je n’avais jamais entendu parler.
Merci ; il y a de jolies choses un peu désenchantées chez Pierre Mac Orlan, dans ses romans d’aventures et ses chansons 🙂
trèèèès réussi !
mééééérci 🙂
J’aime beaucoup!
merci Roomanies
Ah ! Mac Orlan et son quai des brumes… et l’enseigne du Lapin Agile. 😉
oui, dès qu’il est question de nuit, de brume de bars et d’aventures, Mac Orlan pointe son nez dans ma mémoire 🙂
Sublime ! 😊
merci ibonoco
😊
Jolie chanson dont l’air m’a soufflée en plein visage 😉
merci !
Comme ce poème est joli ! Voyager immobile en épousant le vent, ça fait envie. Bravo Carnets !
Hasard, coïncidence ou souvenir, Mac Orlan a écrit un guide du voyageur immobile 🙂
[…] 4) – Le 8 mars 2019 => Texte de CarnetsParesseux : Sa soeur, l’étoile en plein ciel […]
Bon jour,
Un très beau texte. Ce lampadaire comme un repère, un phare, … une étoile dans un milieu imposant …
Max-Louis
merci Max-Louis, pour cette proposition de thème avec lampadaire 🙂
Un thème très très peu utilisé 🙂
En tout cas merci à vous 🙂
J’aime ton regard sur ce coin de rue banal auquel seul un poète sait donner une âme et du rêve. Très beau, il y flotte comme un petit air de nostalgie..
merci almanito 😉
L’étoile matutine ?
je n’avais même pas pensé à cette étoile là ! bien vue, Mo 🙂
Quelques mots simples mais si bien ajustés !,,! Qu’ils nous promènent du large au roc pour rejoindre le ciel, de façon quasi magique.
Ce lampadaire seul n’est pas si isolé qu’il voudrait nous le faire croire, avec une sœur étoile au sommet du firmament.
Très lumineux, tous ces vers. Seraient-ce des lucioles ?
Merci Jo ; un lampadaire n’est jamais seul ; j’aime bien cette idée des lucioles.
Chaque mot est à sa place, ni plus ni moins et la ronde tourne en harmonie.
Merci pour le plaisir de lire ce texte !
merci Marie-Christine ; des lampadaires dansant la ronde, voilà une image intéressante !
Et mon coeur qui valse à te lire.
Tu danses comme le vent, carnets.
Merci caroline; mais je ne danse pas, trop occupé à regarder les lampadaires danser.
Waouh ! mon texte a plutôt l’air d’une lampe de poche (sans pile) à côté de ton poème pharaonique.(phare au gaz onique) 😉
merci pour le waouh ; mais non, ton texte n’a rien d’une lampe de poche !
C’est très beau et cette image du lampadaire qui pourrait cligner de l’œil si quelque panne de courant pouvait survenir …
merci Littérama ; la vie de lampadaire est-elle aussi figée qu’on le croit ?
Que c’est joli! Que c’est joli! J’aime, j’aime, j’aime. Les vers te vont si bien.
merci merci ! je vais peut-être essayer de reversifier un peu, pour voir si ça veut bien.
Ta poésie est fabuleuse.
Moi dès que ça parle d’étoiles, de toutes façons…
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
merci Célestine ; attention, il n’y a qu’une étoile, il y a surtout des néons et un lampadaire 🙂
Anchois·ir, je préfère de loin le rhum clair à l’émétique amer.
je suis mille fois d’accord. D’ailleur l’émétique amer n’est là que parce que il faisait partie des mots imposés, alors que le rhum est venu spontanément 😉
cela ne m’étrhum pas !
C’est vraiment superbe, bravo !
Merci Marinadedhistoire 🙂
Oh…C’est beau « L’etoile sa sœur en plein ciel »
Rien qu’à ce bout de phrase, on dirait que le lampadaire va prendre le large! Bon…Moi qui suis un peu sauvage, je redoute leurs réunions de famille😂
oui, la dernière phrase rachète le reste 🙂
une réunion de la famille Lampadétoiles ?? pourquoi pas, mais faudra pas oublier d’inviter les lampions et les photophores 🙂
Joli ! Je retiens les deux dernières strophes qui pour moi, forment un poème à l’intérieur du poème et m’évoquent beaucoup d’images.
Merci Laurence ; oui, les deux dernières strophes pourraient faire un haïku un peu long 🙂
[…] 4) – Le 08 mars 2019 => Texte 1 de CarnetsParesseux : Sa soeur, l’étoile en plein ciel […]
lampadaire lampadaire est-ce que j’ai une gueule de lampadaire ? mais voila hotel du nord est d’Eugène Labit… l’histoire de ma vie.
bon j’ai trouvé ce que pouvait être une chanson de Pierre Mc orlan
bon j’ai perdu un peu de temps, à écouter la chanson du chachashire, alors je vais faire court dans mon commentaire !
C’était biiiiiennnn !