La tarte est bleue comme un citron

La tarte est bleue comme un citron
jamais une erreur les recettes ne mentent pas
alanguie dans le moule enfourné
sous les pois ou les cornilles
la pâte niche au très chaud de la flamme.

Dans le rond d’un bol
le sucre en poudre se mêle
des secrets de tous les sourires
– les zestes et les œufs de s’entendre –
le jus du citron est tout nu
au creux d’un beurre fondu bien vert.

La crème douce acidulée
se glisse hors du bain-marie,
se jette par la fenêtre autour du cou
de la pâte dorée qui ouvre
ses ailes aux fous et aux amours.
Chante le feu mille secondes.
Et voilà toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.

 

 

***

Aujourd’hui, à la demande de Léonie, une recette pas facile du tout à  la façon de Pierre Hermé. Comme on m’avait prévenu de la difficulté, j’ai demandé un coup de pouce à Paul Eluard. Et puis J’ai fait l’impasse sur la meringue.

illustration :Eupene’s Monsa lemon squash label, State Library of Queensland.

 

40 commentaires

  1. Quel merveilleux dessert! Juste ce dont j’avais envie! Le beurre vert… j’ai hesite un instant… mais j’ai fait confiance. Ca valait la peine. Quelle bonheur synesthetique!

    • je viens de chercher qui était cette cimaise et cette fraction
      Raymond bien sûr …..

      La cimaise ayant chaponné
      Tout l’éternueur
      Se tuba fort dépurative
      Quand la bixacée fut verdie :
      Pas un sexué pétrographique morio
      De moufette ou de verrat.
      Elle alla crocher frange
      Chez la fraction sa volcanique
      La processionnant de lui primer
      Quelque gramen pour succomber
      Jusqu’à la salanque nucléaire.
      « Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
      Avant l’apanage, folâtrerie d’Annamite !
      Interlocutoire et priodonte. »
      La fraction n’est pas prévisible :
      C’est là son moléculaire défi.
      « Que ferriez-vous au tendon cher ?
      Discorda-t-elle à cette énarthrose.
      – Nuncupation et joyau à tout vendeur,
      Je chaponnais, ne vous déploie.
      – Vous chaponniez ? J’en suis fort alarmante.
      Eh bien ! débagoulez maintenant. »

      (Raymond Queneau)

      je connaissais le procédé mais je le redécouvre avec
      La fraction n’est pas prévisible :
      C’est là son moléculaire défi.
      La fourmi n’est pas prêteuse
      c’est la son moindre défaut ……………

  2. Très sensuelle cette pâte alanguie dans le four…..
    J’aime beaucoup la personnification de tous ces ingrédients 🙂 La prestance du citron est fabuleuse …est ce du à sa nudité ?

  3. Léonie. – Dites-moi Carnets, ils sont bio les citrons que vous avez utilisés ? J’en ai pas l’impression. Bon, évidement, le must aurait été d’avoir sous la mains des citrons de Menton : je vous l’accorde, ce n’est plus la saison.

    Sinon, c’est pas mal du tout… La pâte « sous les pois ou les cornilles », « La crème douce acidulée »… Aaaggghh ! J’en ai le zeste de citron à la bouche !

    • Merci ! ça n’a pas été facile mais je me suis bien amusé 🙂
      une fois que le jeu de mot du titre s’est imposé, la suite était tracée ; il n’y avait plus qu’à farcir Eluard avec les étapes de la recette (si on peut dire)

  4. La recette est chaude ce matin 🙂 un grand poème d’amour auquel on ne s’attendait pas, tu es surprenant et très fort monsieur Carnets, bravo!

  5. J’adore ! Ca croustille, ca frémit et s’enhardit, ca titille Eluard aux papilles, et pis alors qu’est-ce que ca sent bon ! Comment fais-tu pour donner rendre WordPress si appétissant ? Vraiment cette recette me plaît !

  6. En poésie culinaire, il n’y a pas photo, tu es imbattable…
    Le problème, c’est qu’à force de lire tout cela,
    on se jette sur les fourneaux…
    et on prend quelques kilos ! 🙂

  7. Eluard et une tarte au citron, voilà qui s’annonce bien ! 😉 Tu as bien fait de laisser tomber la meringue, ce n’est pas le meilleur ! 😆

  8. Dieu, que c’est beau ! Les recettes devraient toujours être animées du sentiment d’aimer, ça crée une saveur encore plus délicieuse !
    Dans tes mots j’y ai aussi vu une invitation à lire un tableau… 🙂

  9. On dit bien « cuisiner… avec amour », et « lire les carnets paresseux… avec bonheur ». J’adore le week-end à ta sauce amoureuse et acidulée. Quant à la référence éluardienne, elle ne peut que finir de me séduire complètement (petit smileys tout rouge!)

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