Il prend tout son sens, leur « Si tu le vois, c’est que c’est là », non ?
Non ? Je ne vous sens pas convaincu. Mais ne vous fâchez pas, discutons, ne disputons pas. Dites-vous bien que je vous comprends ; pour peu qu’on ait un peu d’instruction, ça pose plus de questions qu’il n’y parait cette histoire de pintade qui n’en est pas une.
Admettons, juste pour le plaisir de discuter, que les gens de l’arrière-pays ont raison et que c’est bien le regard de leur pintade qui crée le monde. Mais alors sauf à imaginer qu’elle trimballe son petit miroir, comme qui dirait un face-à-main planqué sous ses plumes, elle ne se voit pas elle-même. Donc elle n’existe pas. Faut donc admettre que c’est le regard de quelqu’un d’autre qui la crée, la pintade. Une autre bestiole ? Pourquoi pas ? Mais cette autre bestiole, à son tour, quel regard la créerait ? Oui, vous avez raison ; si on va par là en y songeant une minute, on se retrouve avec une ronde, une longue chaine d’yeux de plus en plus grands, et au bout, allez savoir, pourquoi pas une pintade extraterrestre immense dont la Lune serait l’œil ! Ça fiche un peu le vertige…
Je sais, vous allez me dire : Et même ! Que deviennent les gens qui regardent la pintade quand la pintade ne les voit pas ? Et si elle regarde ailleurs ? Où qu’elle ferme les yeux ? Ils devraient disparaitre, non ? Et puis pourquoi une pintade et pas un lapin ou un chat ? Là-dessus, j’ai ma petite idée : un lapin, ça n’irait pas. C’est trop craintif, et puis ils ne seraient pas assez idiots pour regarder un couteau. Partant, pas de couteau, ni de civet… Alors un chat ? Non, ça dort beaucoup un chat, et dormant ça rêve. En quoi ça nous concerne ? Hé bien réfléchissez : il faudrait qu’il existe plusieurs mondes, celui que le chat voit et ceux qu’il rêve…sans même compter qu’avec leurs neuf vies, on multiplierait d’autant le nombre de mondes possibles ! Alors que la pintade, même fausse, c’est un piaf : pas de cervelle, pas d’imagination, pas de risque d’interprétation, de confusion, d’erreur : si ça voit un caillou ça n’imagine pas un brugnon. Et puis c’est stable. On m’a dit que les piafs descendent des dinosaures, alors, ça remonte à loin.
A tout ça, d’autres, à qui je racontais cette histoire – hé non, vous n’êtes pas le premier – ont trouvé de belles explications philosophiques, des réflexions allégoriques, des théories métaphysiques, des histoires d’ombres sur des parois de cavernes et même une histoire de chat et de boite qui ne m’a jamais paru très claire.
Mais vous avez raison, tout cela est bien douteux si on y songe seulement cinq minutes.
De toutes les façons, autant vous dire que là-haut, ils ne pensent pas si loin. Ils en tiennent pour leur pintade, et puis c’est tout. Leur fichu piaf voit leur colline, leurs sources, leurs vignes, leurs moutons, et ça leur convient comme ça. Ils disent bien « Si tu le vois, c’est que c’est là » ; là ! Ce qui est ailleurs, ils n’y pensent pas. Pour eux, chacun son monde et chacun sa pintade, et voilà tout.
à suivre…
* * *
J’ai trop lu Julio Cortázar ce début d’année. Illustration : Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, des poissons, des insectes et des reptiles, 1808, page 268. NCSU Library. Le piaf de l’image n’est toujours pas une pintade mais un vautour pércnoptère.
« si ça voit un caillou ça n imagine pas un brugnon » mais nous si on voit un piaf on peut imaginer une pintade….
et si on voit une pintade on peut parfois imaginer un rôti ! alors que les pintades ne rêvent sans doute pas de rôti (enfin, faut espérer)
tu as essayé de faire appel à des ghostbusters ? mon petit-fils pourrait t’aider à démêler les pintades réelles ou imaginaires…………
Des ghostbusters ? pourquoi pas, mais il faudrait déjà qu’ils trouvent le chemin de l’arrière-pays, tu sais, tout là bas…parce que c’est pas dans la banlieue de New-York !
on va mettre la C.I.A. sur le coup 😉
Alors là j’attends la suite avec impatience, je sens qu’ on est à une plume d’avoir une explication logique :))
Une explication logique ? mais bien sûr 🙂
(il faut juste que je la trouve….)
merci almanito
Après avoir bu une pinte d’Adel Scott, la pintade ne voyait plus très clair. Ses yeux se croisaient les bras, et ses pattes laissaient retomber lourdement leurs paupières sur ses oncles incarnés…
Paresseusement, elle décida de se retirer dans son poulailler, qui avait la forme carrée d’une cuisinière, avec plaques à induction et four rapide, De Dietrich : elle en rosît à l’avance de plaisir.
Sur la table dominicale, tout le monde alors s’extasia : elle présentait – les cuisses attachées soigneusement attachées – comme un goût de bière (ou d’enterrement de seconde classe), la jolie bipède trépassée.
Dominique soyez rassuré, je ne raconterais pas ici les tragiques mésaventures d’Elscott la pintade !
dans cette histoire, aucune pintade n’a été molesté ou embarrassée. Ni le moindre caillou non plus. D’autant plus que si notre monde tient dans l’oeil de l’oiseau, nous avons un intérêt égoïste à garder l’oiseau en pleine forme…
bon dimanche à vous
Bon jour,
J’adhère complètement à la suite de ce texte 🙂 C’est un plongeon vers un effet miroir qui peu mener très loin. Il ne faudrait pas que cela pointe par exemple « qui de la pintade de l’oeuf ».
En fait, je vois bien cette fameuse pintade avoir un avenir du genre : « Le complexe de la Pintade », ou « la théorie de la Pintade » , ou « la méthode Pintade », etc.
Je me demande si cette pintade n’aurait pas, de loin ou de près, une relation avec les éventements quantiques qui commencent à se développer de part et d’autre de la planète.
Remarque : coquille : « planqué sous es plumes » : es pour ses ?
Nous attendons un suite, diantre 🙂
Max-Louis
Merci Max-Louis ; la coquille (un comble dans une histoire d’oiseau) a été corrigé.
Pour la suite, je n’avais pas songé à la première pintade et le premier oeuf…. quant à savoir ce qui va arriver, il faut un peu de patience 🙂
La lune, monsieur Paresseux ? Mon œil ! Ne s’agirait-il pas plutôt de notre vraie nature, cette conscience sans nuages, sans jugement, cette vision pure ? Aahhhh ! Oh, «je » n’ai pas trouvé ça toute seule. Et le truc du miroir, je l’ai fait avec l’aide de Douglas Harding* et j’ai bien vu qu’au fond je n’avais pas de tête ! Juste cette conscience infinie vide et pleine à la fois. Les maitres Zen se tuent à nous l’expliquer. Merci de me le rappeler, Maitre Dodo !
*http://www.visionsanstete.com/
Mais alors notre vraie nature est d’être une pintade sans tête ?
Non, madame Hugotte, permettez que j’en tienne pour la lune(qu’au surplus on peut rejoindre avec un radeau et une longue ficelle, dit-on de sources sûre) ; sans compter qu’à la nouvelle lune, elle ferme l’oeil sur nos bétises..
Décidément, un déjà-vu… l’an dernier, quelque part, chez le dodo toujours… sentiment qui me chicote…. sur ce regard qui crée le monde… bref, je me répète… déjà-vu.
Qu’on le voit ou pas.
Je raconte toujours un peu la même histoire 🙂
c’est peut-être celle-ci qui te chicote :
https://carnetsparesseux.wordpress.com/2016/12/21/mondes-invisibles/
??
Je le savais!!!
Je n’en doute pas, mais…tu savais quoi ?
:))
Qu’elle avait une vision créatrice (je l’avais dit dans mon commentaire sur ton billet précédent).
C’est donc que toi aussi,tu as eu une vision !
(mais je ne te traite pas de pintade pour autant 🙂 )
Ah, je n’étais pas si éloignée des autres questions, avec le chat et la boite de mon commentaire précédent.
Pour le coup je m’interroge : si la Pintade n’existe que parce que nous la regardons, ne pouvons nous exister que si quelqu’un d’autre nous regarde à son tour ? Et si personne ne regarde personne, est-ce que plus rien n’existe ? Fiou, c’est à se faire une entorse au cerveau.
Oui, le chat et sa boite ne sont jamais loin ; et oui aussi, ça fait vite une longue ronde d’yeux se zieutant les uns les autres…. brrrr !
demain, dernier épisode : on va tenter de désentorser les cerveaux 🙂
Cher Carnets, cette fois , j’en suis sûre, vous êtes fou, génialement fou !!!
;o)
Moi, fou ? moi, génial ? Non… sauf si la grande pintade intergalactique* me voit comme ça, bien sûr
*mais n’allez surtout pas croire que je vous traite de grande pintade intergalactique
🙂
C’est drôle je ne voyais que la première partie du message et j’allais pour répondre: non mais vous me prenez pour…avant de lire que, génial comme vous êtes, vous y aviez déjà pensé avant moi !
🙂 :)) mais non, je ne suis pas génial du tout, c’est juste que j’avais déjà prévu cette réplique dans l’épisode suivant : http://urlz.fr/6pvj
:))
Ah crotte de pintade pas encore lu !
rien ne presse 😉
Mince, j’ai pris à l’envers…
hum, je pense que dans le désordre ça doit pas être moins confus qu’à l’endroit 🙂
Très en retard pour lira la suite des tribulations d’un Dodo enpintadiné mais ça valait le coup !!! 😆 Mieux vaut tard que jamais, hum…ça devient métaphysique ! 😆
« Métaphysique de la pintade », voilà un bon titre ! 🙂
je te remercie d’avoir insisté (il y a déjà quelques temps) sur Cortazar, que je connaissais pas… il a une drôle d’influence sur mes petites histoires 😉
Euh…t’es sûr que c’est moi qui a insisté ??? Je pencherais plutôt pour Martine ! Mais j’dis ça j’dis rien ! 😆
oui, c’est elle qui m’ fait découvrir les Cronopes et des Fameux, mais je me crois me rappeler que tu as insisté ensuite 🙂
Ha c’est possible ! 😉