Traversimple (masculin, néologisme, peu usité) : ♦ 1 : sorte d’oreiller pour lit une place. ♦ 2 On ne sait ni quand ni pourquoi le mot a quitté la chambre à coucher et l’alcôve, pour, dans la meilleure société, qualifier un petit défaut sans conséquence. C’est tout à fait à tort.
Rime avec : simple.
♦ « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je pensais reposer ma nuque sur le traversimple brodé au point de Malines et souffler ma lumière… ». Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, notes égarées, 1906.
♦ « En disant aux Verdurin que Swann était très « smart », Odette leur avait fait craindre un « ennuyeux ». Il leur fit au contraire une excellente impression dont à leur insu sa fréquentation dans la société élégante était une des causes indirectes : Madame Verdurin était d’avance disposée à lui passer toute sorte d’éventuels défauts bénins, de traversimples, selon son mot ». Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, brouillons paumés, 1922.
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Suite du petit dictionnaire dévolu aux mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste., évoqués ici l’autre jour, et qui donne chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer néologisme, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources.
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à suivre, avec l’aide des amis bénévoles.
Illustration : Catalogue Macy’s, printemps été 1911, winterthur Museum Library.
Savoureux ce traversimple 🙂
Et puis quelle illustration !
Cela me donne envie de lire Proust 🙂
Merci Valentyne ; mais Proust ne se lit pas, il se relit seulement :))
Mince alors mais comme je ne l’ai jamais lu comment puis je le relire ?
Cela me fait penser à quelqu’un (mais qui?) qui a dit : « si tu n’as pas relu Proust avant 50 ans tu as raté ta vie ! »
Traversimple : « Il avait préparé son coup de longue date.
Quand elle se fut endormie – elle n’aimait pas la bosse que faisait dans le lit le traversimple sous la tête et préférait l’horizontalité du drap marron – il prit l’oreiller oblong d’environ un mètre de large et le lui colla sur la figure en le maintenant durant cinq minutes qui ne lui parurent pas une éternité ; la parure de son sommeil définitif brillait enfin.
Il descendit prendre son petit-déjeuner. Son Banania lui rappelait tous les matins l’époque regrettée de la guerre d’Algérie et ces mois dans la casbah d’Alger la blanche avec un vrai chef, le colonel Marcel Bigeard. »
Yves Courrière, « La Bataille d’Alger vue par le petit bout de la mitraillette » (Perrin, 1974, page 321.
Décidément une paire indissociable, vous et le Dodo ! J’adore, ce Proust et ce presque Camus, du grand art ! On devrait plus souvent se plonger dans les classiques. On en sortirait sinon grandis du moins hilares…
Merci Dominique. Tout le monde n’as pas sa madeleine de Commercy, il faut parfois faire avec un simple Banania 🙂
On n’est pas couché avec ce traversimple 😉
c’est là son moindre défaut 🙂
« Et si on a perdu une dent (comme moi) C’est plus compliqueiller pour que l’appétit des souris revienne. Alors qu’au début tout paraissait si traversimple pour un chat qui sourit. »
« chacha, chéri de ces dames – mémoires »
il est temps de rappeler le proverbe japonais : « seul le chat sourit, jamais ses dents ».
[…] Rime avec : simple, assassimple, korapilimpe, traversimple […]
[…] prémonitoire. Donc ce matin, je me suis levé, phénomène rare ces temps-ci , j’ai laissé mon traverssimple de nouveau célibataire sur le lit et je suis sorti de chez moi et de ma dépression […]