Muscatorze (masculin, néologisme, peu usité): ♦ 1 Boisson alcoolisée évoquant le vin muscat, mais volontairement titrée un degré en dessous des 15° de l’appellation d’origine contrôlée. Ce titrage défaillant évite aux détaillants de payer les traites dues aux contributions indirectes mais ne les empêche pas de vendre leur fausse boisson comme vrai muscat, notamment dans les bistrots de banlieue et dans certains bars à la mode où le consommateur se rend ainsi coupable de complicité de fraude fiscale. ♦ 2 Baume parfumé imitant le musc de castor. Ce produit n’a pas reçu l’accueil commercial escompté par son ingénieux inventeur, sans doute à cause de la terminaison en -orze qui ne rime pas à grand chose.
Rime avec : quatorze & ventorze.
♦ « Il est tenu à la connaissance des professionnels des débits de boisson ainsi que du public y fréquentant que certains alcools, breuvages, apéritifs et autres usurpent volontairement par leur dénomination et apparence d’embouteillage et d’étiquetage l’aspect d’autres honorablement connus et enregistrés au répertoire du commerce. Sont particulièrement visés par la présente les dits Saint-Zano, Père-Neaud et Muscatorze » Préfecture de la Seine, 1894.
♦ « Nestor se glissa dans la piaule, le tarin en virgule. Vrai, ça sentait le traczir à plein nez, et sérieux : la poulette derrière la caisse tirait sur une cibiche à l’eucalyptus et embaumait le patchouli ; lui manquait plus qu’une note de muscatorze derrière l’oreille pour faire le compte et au delà ». Albert Corbie, La môme était au parfum, 1936.
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Suite du petit dictionnaire dévolu aux mots sans rime, belge, bulbe, camphre, clephte, dogme, goinfre, humble, meurtre, monstre, muscle, pauvre, quatorze, quinze, sanve, sarcle, sépulcre, simple, tertre et verste, évoqués ici l’autre jour, et qui donne chaque jour la définition d’un des mots nouveaux proposés, puisqu’il est bon que chaque mot ait un sens afin que chacun comprenne en l’entendant la même chose que ce qu’à voulu dire son interlocuteur. Quant aux citations, s’agissant d’illustrer néologisme, le lecteur comprendra qu’il a été nécessaire d’améliorer nos sources.
à suivre, avec l’aide des collaborateurs bénévolontaires.
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Illustration : Bon vin : [estampe], Pellerin, Epinal. BNF/Gallica.
En cas de Ventorze le Muscatorz garde-t-il ses propriétés olfactives ? Je pose aussi la question à Valentyne du coup !!!
Vous déployez des trésors d’inventivité, tous….. j’en suis espatrouillée ! 😀
Je pense qu’il vaut mieux rester ne pas rester sous le ventorze si on veut échapper aux effluves du muscatorze (à vue de nez, je l’imagine tenace et rancunier, le musc de castor synthétique !)
Muscatorze : « Dans la tranchée, Emile Dubout demanda au sergent Tripouille s’il pouvait boire un coup avant de monter à l’assaut.
– Oui, un petit remontant (c’est le cas de le dire) ne peut pas te faire de mal… Les Boches vont en prendre plein la gueule grâce à nous, j’espère que tu as bien enfilé ta baïonnette au canon !
– Bien, chef ! J’ai là, dans ma cartouchière, un excellent petit flacon de Muscatorze, de la marque « Carnets Paresseux », reçu de ma bien-aimée par la Poste aux armées, je vous en offre une lampée !
– Oui, merci… Attention, obus !!!… »
Henri Barbusse, « Le Feu », passage supprimé par Flammarion dans la première version publiée en 1916 et qui obtint le prix Goncourt la même année.
By Jove ! Un excellent roman que je lis chaque semaine de bout en bout !
Barbusse, bien sûr ; ça me rappelle le vieux slogan « Un bon coup de Muscatorze, on repart comme en quatorze ! »
(oui, elle est facile, mais il ne faut jamais refuser la facilité 🙂
Merci Dominique pour cette contribution érudite.
Délicieusement tarabiscoté, j’adore:)) allez Carnets, tu m’en remets un petit verre pour la route! Hips, oh pardon!
Je ne suis pas certain qu’on trouve encore beaucoup de flacon de Muscatorze… allez, hop, tournée du patron !
🙂
Fantastique. Je bois tes mots et déguste chacune de tes définitions. Que du bon.
Merci Glomérule 🙂
Par ce muscat le Roi Soleil
s’est grisé de chef en cheville :
dans le brouillard l’œil et l’orteil.
Sauf les pectoraux rien ne brille.
Moralité : luit qu’à torse.
Merci Pierrobert 🙂
Acouphène ou prophétie ?
Le prince croit entendre
Une voix qui dit fait ça fait ci
promet mont et merveille
Elle peut toujours attendre
le petit roi sommeille.
Moralité : c’est l’ouïe qu’à tort
Ô Majesté de Fontenoy s’
y répandent tant de vacarmes,
que prends pour silence des armes
la canonnade que tu n’ois !
Moralité : l’ouïe coince.
C’est pourtant un bon cru. 🙂
Personne n’a essayé l’alcool de castor ? 🙂
Oui l’alcool de castor, j’ignore
Toujours aussi gouleyants ces textes
autant par les définitions
que les citations
et
les in-citations à poursuivre et traquer la rime
jusqu’à ce qu’elle s’arrime
à l’orpheline.
(beau rebond de Dominique Hasselmann)
Merci Aunryz
je suis touché des participations
(heureusement surpris que ce petit jeu
de mots solitaire(s)
se joue en bande
(et en bande de dictionnaire)
sourire²
Peut-on en déduire que Louis apprécie le muscat ?
🙂
Déjà rien que le titre, ça me fait rigoler. Intarissable sur ce sujet pourtant en apparence peu fécond, le Dodo révolutionne le sujet !
Mais moi aussi, les titres me font rigoler ! Après, vu la maigreur du sujet, il faut bien remplir la copie sinon la portion est trop vite congrue 🙂
[…] Rime avec : quatorze et muscatorze […]
[…] rime avec Quatorze, muscatorze, ventorze, […]
[…] sûr. Un fois à la bibli, le bibliothécaire m’a offert une tisane de mirabelle noyée dans le muscatorze : J’ai plongé dans ses yeux bleus, me demandant un instant si je ne l’avais pas vu […]