Par les prés et par les champs, l’herbe folle chavire au vent, au vent volage – qui revient de quel voyage ? Elle danse entre les boutons-d’or et tire-bouchonne ses fines radicelles entre l’argile et les cailloux.
Plantée au tire-ligne dans la terre molle du jardinet, l’herbe sage rêve d’engrais et d’arrosage qui arrondiront ses trésors, baies rares, lourdes racines et feuilles en accroche-cœur.
Quelle parabole – quel adage ? – tirer de la grasse et molle herbe enclose et de sa sœur sauvage laissée-pour-compte en plein champ ?
Aucun, sinon que j’aime autant le vertige de l’herbe folle que l’herbe sage en potage.
Poème du dimanche jardiné pour l’agenda ironique de mars chez Monesille, « sur le thème de la folie au sens large » en glissant quelques mots composés. L’image ? cueillie dans l’Herbier de Sérapion le Jeune, vers 1400, Egerton, British Library.
Quelle jolie dualité dans laquelle je me reconnais à cent pour cent ! Folle ou sage, c’est selon, mais en tous cas folle de tes écrits !
¸¸.•*¨*• ☆
Merci Célestine 🙂
https://www.youtube.com/watch?v=fDg-kZWypic 😀
Richard Anthony jardinier ?
🙂 !
jardinier de l’âme pourquoi pas 😉
🙂
C’est une amusante opposition. Quoique les herbes folles envahissent parfois les herbes sages et que les herbes sages, prises de folie, fuguent et s’encanaillent.
Je n’avais pas l’idée d’écrire un traité de jardinage 🙂
Et bien malin qui sait vraiment qui est sage ou fou, même chez les herbes – surtout si, comme tu le dis, elles n’hésitent pas à se mêler.
« En la saison que le joly ver dure,
que arbres ont prins feuillaige de verdure,
que fruictz nouveaulx parmy les branches pendent,
que herbes et blez sur la terre s’espendent… » Guillaume Crestin.
Je ne connaissais pas Guillaume Crestin ; visiblement, encore un nom dans la longue liste des gens qui ont tout dit avant et mieux 🙂
J’ai suivi les cours de Michel Zink, grand spécialiste de la littérature du Moyen-Âge.
Ah folie, sagesse, soeurs ennemies. Rudement bien troussé cher Paresseux, et j’aime les mots composés et leurs tirets guillerets.
Merci Modrone ; sont-elles si ennemies, les deux soeurs Sagefolle ?
L’herbe folle prend la clé des champs tandis que que l’herbe sage conserve celle du jardinier ;o)
bien vu : à chacune sa clé ! ça permet de rester chez soi, mais aussi d’ouvrir la porte pour aller faire un tour hors du jardin (ou hors champ)
Merci pour cette ode au printemps !
À quoi rêve les herbes ?
Est-ce vraiment sage de rêver d’engrais ? Peut-être après tout, mais uniquement s’il est bio ! 😉
Bie malin qui sait à quoi rêvent les herbes ! Moi je rêve de soupes chaudes et de salades fraiches 🙂
Les vertiges du vent de printemps qui souffle sur la nature feront tourner la tête aux herbes folles comme aux herbes sages.
C’est un concentré de sublime que tu offres à l’agenda de mars.
Superbe.
Merci Jo. Un concentré de sublimé ? une soupe en sachet alors ?
J’appelle ça une soupe électrique alors !
Trois minutes montre en main et c’est prêt. 😉
Nan… en vrai, j’ai trouvé la formulation à ce point évanescente que la mollesse des herbes se ressentait presque comme un vécu réel tant le style est évocateur.
Superbe! Velouté! Douces et rondes, ces herbes en soupe! Un régal ! On les voit l’une et l’autre danser dans la nature et dans l’assiette…
Bises
une petite salade de saison 🙂
J’aime beaucoup ce poème aux herbes que j’aime, folles ou sages 🙂
Merci Sandrion !
bien sûr, tu as fait exprès de « tourner » ton billet de telle façon que j’ai cru danser la valse tout du long !
Bisous gentil Dodo.
C’est pas faux, il y a comme une valse (un peu boiteuse) dans le vent derrière les herbes
merci Marijo 🙂
[…] https://carnetsparesseux.wordpress.com/2017/03/18/lherbe-folle/ […]
Une soupe apéritive de ton talent multiple et savoureux ! Je croyais rester sur ma faim, mais non tu cuisines bien tes mots sais-tu ?
Bisous
Merci Monesille. Les mots, faut les cueillir frais (si possible en circuit court) et les faire mijoter le temps qu’il faut 🙂
Malheureusement je ne suis pas une lève tôt !
Douce folie ou folle sagesse , tes mots « chavirent au vent, au vent volage – qui revient de quel voyage «
Merci Valentyne !
Ah…fallait le trouver cet angle-là… d’approche de la folie !
Les herbes folles et les herbes sages, nouvelle version de la fable « Le chien et le loup » ?
Ou de la parabole des vierges sages et des vierges folles ?
Elles dansent et virevoltent joyeusement dans le souffle printanier, ces herbes vers lesquelles il va falloir très bientôt se pencher…dans toutes les pelouses et tous les jardinets…
Et je sens bien que, rien qu’en pensant à ton texte, je vais en laisser vivre quelques-unes, de ces herbes folles au joli nom…:-)
Merci La Licorne. Je ne savais pas trop quoi faire de ce thème sur la folie, jusqu’à ce que les herbes viennent à mon aide. Sinon, je n’avais pas pensé à la fable de La fontaine, mais en effet c’est l’idée… avec une option « soupe et potage » !
Avez-vous essayé « L’herbe du diable et la petite fumée », de Castaneda ?
Je pense que oui, sans doute, mais qui peut savoir, au fond ?
Même pas ; ou alors il y a longtemps 🙂