Cela vous arrive-t-il ?
Dans une journée faite de routines courantes et d’ordinaire quotidien
[inutile de détailler plus, chacun sait ce qu’il y a à savoir de ces jours-là]
un instant où, alors que vous buvez du bout des lèvres un assez quelconque café, d’abord brûlant puis trop vite tiède
[bien sûr le café n’est qu’un exemple, ça peut être un thé ou n’importe quoi d’autre, une meringue une soupe ou un éclair au chocolat]
un instant qui peut aussi bien arriver quand vous être seul dans votre cuisine,
en famille autour de la table de la salle à manger,
assis à l’une des larges tables en formica pâli et à bord métallique de la cantine,
debout devant le robot-distributeur de la mal nommée salle de repos du bureau
ou tassé au bord du zingue d’un quelconque bistrot
[ailleurs aussi, d’ailleurs : chacun est libre d’allonger ou de préciser la liste]
un instant où vous parvient soudain, comme issu du fond de votre tasse,
un air un peu flou,
une mélodie incertaine ou s’entrecroiseraient le souvenir enjolivé d’une rumba lointaine et les bribes d’un refrain de comptine, peut-être bien miaulé par un violon et quelques clarinettes,
un air que vous êtes seul bien sûr à entendre
[en tout cas personne autour de vous ne fait seulement mine de rien percevoir]
et qui bien que faible et doux s’insinue entre vous et le brouhaha quotidien,
vous isole des voix des voisins de la radio des cris de la ville du ronflement des moteurs et du ronronnement des néons
[dans un film on figurerait probablement ce moment en grisé, un peu flottant, au ralenti, mais nous ne sommes pas au cinéma alors rien ne change sauf que voilà le monde entier contenu hors de cette bulle ténue qui vous abrite]
puis
Paf !
vous êtes de nouveau dans votre cuisine, tassé devant le zingue ou debout près de la machine à café, un brin désorienté, n’osant jeter un coup d’oeil même furtif au fond de votre tasse.
Cela vous arrive-t-il ?
à moi, jamais.
Excellent ;o)
Merci !
🙂
Voilà ce qu’on appelle un cas fais sans philtre !
au contraire, la leçon, c’est que le son du café filtre les sons.
🙂
Si si cela m’est déjà arrivé mais je n’en dirais rien.
Alors, je n’en dirais pas plus 😉
Ha ha ha Excellent!
Ce sont les effets de la pub mensongère qui nous promet tant de voluptés suggérées en quelques images avec la musique assortie et que l’on ne retrouve jamais au fond de sa tasse..
merci Almanito. Je n’avais pensé à la pub, mais en effet il y a tous les ingrédients et la fausse promesse d’un moment unique !
Dis-moi, tu entends le bruit dans ma tête ?
Il faudrait d’abord que j’arrive à baisser la musique dans ma propre tête 🙂
Je me souviens de moments d’absence… les yeux plongés dans le fond de ma tasse, un égarement dans une autre dimension où tout devient sourd et flou autour de moi… mais sans note de musique… un éclat de voix ou un verre cassé pour m’en sortir ! Je préfère ton récit non vécu 😉 bordé de poèsie…
Merci Myo ; lorsque l’alentour devient sourd et flou, c’est le moment de prêter l’oreille à la petite chanson dans la bulle (ou au silence)
Next time, je tendrais l’oreille 😉
… parceque même le silence s’écoute…
celui-là m’a arraché plusieurs sourires, et quand je dis plusieurs, je veux dire plusieurs…
je crois que j’ai souri plusieurs fois en l’écrivant 🙂
souvent
Est-ce que le morceau de musique est reconnaissable ?
Cela m’arrive assez souvent à moi aussi… très beau texte carnetsparesseux !
Avec du café et une rumba ?
merci bastramu
🙂
Un grand café bien costaud, oui, mais pas rumba, non, du folk peut-être, un son de guitare un peu mélancolique ou bien du Chopin…
Et bien, de te lire ici, à nous le raconter, je viens de vivre cet instant là avec cette tasse imaginaire qui fume et que je tiens encore entre mes deux mains. Intermède bullaire, quand tu nous emportes !!!
C’est une bien jolie fenêtre dans le réel que celle que tu viens de nous montrer ici en quelques mots.
Merci carnetsparesseux.
Merci jopasbougon ; une tasse imaginaire d’ou sort un air fantôme qui crée une bulle bullaire…. c’est ténu, mais si ça tient… 🙂
Un peu comme une commode, à tiroirs gigognes.
Mais puisque ça tient, comme tu dis. 🙂
Mais mon cher, je ne quitte jamais cet état. 😉
C’est un état enviable, surtout dans ces jours où le monde extérieur a l’air quelque peu ahurissant !
🙂
Moi ça m’arrive chaque fois que la batterie de mon baladeur se vide.
Je ne suis pas moderne, je n’avais pas pensé au baladeur 🙂 Et donc, la tasse profite du silence du baladeur pour chanter à son tour, ou bien il y a un grand silence qui s’installe ?
Le silence s’installe, le café refroidit, la journée est pourrie. La vie, c’est mieux en musique.
Il y a quelques années la fumée de la cigarette aurait aussi joué son rôle 🙂
C’est vrai que paradoxalement, la fumée des cigarette filtrait bien des instants 🙂
De plus en plus souvent, la musique change selon le lieu ou la saison, en ce moment c’est le carillon d’une vieille horloge, il tinte et la lumière vacille…
Un son de saison..
(désolé, j’avais oublié de suivre le fil des commentaires)
En louchant un peu, j’arrive parfois à visualiser des souvenirs dans la vapeur de mon café, mais jamais à entendre de la musique.
Il faut dire qu’en sirotant mon café brûlant du matin, je suis encore assez mal réveillée…
Pour moi, ça marche mieux avec le café de la pause de onze heures et quelques…Si le matin, j’ai une image pas trop floue, c’est déjà Noël
🙂
En sirotant mon café tout à l’heure , j’ai été transportée au bord d’une cascade gazouillante, Fraîche et
Claire … Et puis je me suis rappelée qu’il fallait appeler le plombier pour la fuite dans la salle de bain !
Une fuite ou une fugue , telle est la question 😉
Une fuite, une fugue, une figue ou une flûte ?
on dirait qu’un mois plein s’est glissé entre ton commentaire et ma réponse… le calendrier n’est pas encore bien réparé !
Le genre de café dont on redemande!
alors, tournée générale !
avec des morceaux de clarinette, ou sans ?
Tu fais à ta guise, mais ce texte, ce texte…on s’y sent si bien, l’évasion, bref, un autre monde…
Je le verrai bien pour l’agenda de décembre.
merci Jacou ; je vais essayer d’en tricoter un autre qui me traine dans la tête, mais si Coquelicot estime celui ci admissible, ça me va 🙂
Chacun de ces inst
… Je m’étais égaré…..Chacun des ces instants là me laisse perché sur la gamme d’une mélodie du genre…musicale, accordée à la mélodie silencieuse d’une poésie éphémère et salvatrice. D’ici, ou d’ailleurs d’ailleurs, je dirai: Bien vu !
S’égarer entre deux tasses et une mélodie, quoi de mieux ?
En fait il m’est arrivé de la boire la tasse ! Alors j’ai entendu le chant des sirènes….
🙂
Ce texte m’a laissé indifférent jusqu’à l’éclair au chocolat, puisé, l’appétit aiguisé, j’ai poursuivi pour me rendre compte qu’à moi non plus, ça ne le faisait jamais… L’art de transporter gratis, bravo le dodo !!
Un instant furtif soudain terriblement tangible.
Et aussi un chant de tasse joliment amené avec en prime le sourire de la chute. C’est que du bon, Carnets ! 🙂