Dukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Il englobait dans son interrogation réprobatrice les précédents utilisateurs de l’étroite cabine, les rouages de la machine elle-même et jusqu’à l’ensemble de la gare d’Austerlitz où se trouvait le photomaton. Renonçant à trancher le dilemme, il clama :
« Allez, Zazie, glisse-toi là dedans. Si tu crois que tu peux prendre le métropolitain sans papier d’identité, ce que tu te goures fillette, ce que tu te goures. »
Une fois dans l’appareil, la fillette se tortilla sur le tabouret qui grinça en tournant, fit des grimaces à l’objectif et des mines dans le miroir.
« Tiens, il te manque une dent de devant ? Cététunedendlait?
– Une quenotte ? Que not, que no ! (la mioche se pique de speaker English). Elle ajouta :
« Plus tard, je serai ingénieur phototautomaticien comme tonton Boris ».
– Stinmétiékadlavnir, monosyllabisa Gabriel. Mais pourquoi çuilà ?
– Pour enquiquiner les pékins des photomatons avec des normes et des règlements en sept points !
– Mais comment qu’elle cause ! Allez, vite, Charles attend ! »
Plus tard, sagement assise à l’arrière du taxi de Charles, au large des Invalides ou peut-être de la Sainte-Chapelle, et considérant d’un œil circonspect sa quadruple bobine sur les tirages bijumeaux et grisâtres, Zazizdi :
– « J’ai vieilli. »
* * *
Après Dorian Gray, Frankenstein, l’Homme invisible et Alice, voilà que la malédiction du photomaton frappe encore ! Cette histoire n’est peut-être pas complétement une fiction.
Précisons également qu’outre ses personnages, elle emprunte plusieurs phrases à Raymond Queneau, dont la première et la dernière du roman éponyme.
extra!!!
Mon favourite çuilà !
Topissime 🙂
Superbement troussé ! Elle est bien loin cette lecture
Adrienne, Bastramu, Valentyne et Martine, merci(s) !
c’est plus qu’excellent, je m’en voudrais de l’avoir raté celui-là ! Mais oui, faudra le mettre en reliure, ce recueil, bientot !!!
Merci ! je songe au recueil, mais avec une demie douzaine de textes d’un quart de page, il va être maigrelet 🙂
rien ne t’empeche d’en ecrire une demi douzaine d’autres 🙂
de meme tonneau 😉
Oui, il faut « juste » que j’en pêche une demi douzaine d’autres sortis du même tonneau 🙂
il a déjà 3 ans, ce texte, et il n’est toujours pas édité ? Je te propose de le publier dans mon prochain mag de l’EcriWeb 2017, kèk t’en dis ? – contact mail
Très drôle !