Le jour où, découvrant les liens que Georges Perec tissait entre poésie et mathématique – après Pythagore et quelques autres, il est vrai -, je me suis souvenu qu’un après-midi scolaire, pendant un cours de lecture, le maître m’avisa (j’avais toute l’apparence d’un cancre pris dans la torpeur de la digestion), arrêta le camarade qui venait juste d’épeler l’entame d’un conte :
-« Il était une fois un nain… » et me pointa d’un doigt – par fonction magistral- et d’une voix -idem, péremptoire :
– « hep ! vous ! réveillez-vous et poursuivez ! » et que, docile, fataliste et le cerveau encore englué dans le cours de calcul que je n’avais pas vu finir, ravaudant tant bien que mal le fil de mes songes avec la trame du temps présent, j’avais ânonné :
– « heu…une fois un, un, une fois deux, deux,… » et ainsi de suite jusqu’à ce que la qualité même du silence qui régnait sur la classe m’interrompe, je me suis dit qu’il était probable (et regrettable, au regard des quelques centaines de lignes que cet épisode m’avait valu) qu’à cette époque – qu’en est-il aujourd’hui ? -, les programmes officiels de l’école Normale ne jugeaient pas nécessaire de fournir à nos maîtres d’école quelques rudiments oulipiens.
* * *
Le jour où / je me suis dit, mode d’emploi.
Il n’avait pas vu en toi un futur nouveau Jacques Roubaud, ce maître ne sachant pas manier le mètre…
Merci Nounedeb [heu, Jacques Roubaud, c’est très flatteur mais un peu trop large pour mes épaules…]
à la décharge de mon maître d’école [le « mettre des colles ? »], il est aussi inventé que le « je » et la table de multiplication de l’histoire 🙂
J’aime particulièrement : »ravaudant tant bien que mal le fil de mes songes avec la trame du temps présent, »
Merci !
Délicieux…
« Et il efface tout
Les chiffres et les mots
…..
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur. »
Bienvenue et merci !
le cancre, là, est plutôt Prévert ou… Kafka ? 🙂
ta série « le jour où » m’a inspirée :
http://depluspres.blogspot.fr/2014/09/le-jour-ou.html
Merci d’être passée emprunter » le jour où » !