l’histoire du Petit Louveteau gris (4)

(épisode précédent)

C’était tout simplement le Petit loup gris qui arrivait enfin, et qui, par jeu, avait, lui aussi, fait semblant de heurter à la porte. Un peu surpris d’entendre une petite voix grêle à la place de la grosse voix de sa Grand’louve, il crut que son aïeule était très enrhumée et répondit :
– C’est votre louveteau le Petit loup gris, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère louve vous envoie. Mais si vous préférez, je repasserai plus tard.

Se reprenant, la fillette lui cria en durcissant sa voix :
– Tire la chevillette, la bobinette cherra.
Le Petit loup gris se dit que la Grand’louve commençait vraiment à perdre la boule, mais, obéissant à son aïeule (sa mère louve de mère lui avait plus souvent qu’à son tour seriné le couplet sur le respect dû aux ancêtres, aïeux, voisins, connaissances et adultes de tout poil), il fit semblant de tirer la chevillette ; puis il attendit la chute fictive de la bobinette fantôme et l’ouverture de la porte imaginaire. La fillette, cachée sous les feuilles au fond de la tanière, sortit de sa poche son couteau de poche. Comme le louveteau entrait, elle lui dit :
– J’ai faim ; pas la peine de mettre la galette et le petit pot de beurre sur la huche, apporte-les et viens manger avec moi.
Le Petit loup gris était doué de beaucoup d’imagination : il mima la fermeture de la porte, puis s’avança en faisant semblant d’éviter la huche (car il n’y avait évidemment ni huche ni huchier ni huchoir, ni aucun autre meuble de cuisine dans la tanière de la Grand’louve). Il posa le panier avec la galette et le beurre sur la couverture (qu’il imagina aussi) et vint se coucher dans le lit (pareil).
Vautrés côte à côte dans les feuilles, la maigre fillette et le petit loup gris commencèrent à manger la galette. En un rien de temps, il n’en resta pas grand-chose, tant ils avaient grand faim tous les deux. Pendant que le louveteau furetait à la recherche des dernières miettes, la fillette lichait les traces de beurre au fond du pot tout en affermissant sa menotte sur son couteau de poche. Elle hésitait : d’un côté, était-ce une bonne idée d’avoir laissé le louveteau manger la moitié de la galette et presque tout le pot de beurre, diminuant d’autant ses propres réserves de provisions. D’un autre point de vue, le glouton allait bientôt somnoler, emporté par la digestion. Alors, il serait moins attentif, et ce serait plus facile de le transformer en manchon !
De son côté, tout en faisant semblant de chercher les dernières miettes, le Petit louveteau gris se disait que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Il jetait des coups d’oeil discrets vers sa Grand’louve : passent encore ses lubies de porte, de chevillette, de bobinette, de huchier… mais c’était bien la première fois qu’elle l’invitait à manger avec elle. D’habitude, il en était quitte pour attendre près de la porte, et ramener le panier et le pot vides, le ventre dans le même état : un vrai loup sait chasser, n’est-ce pas ? Alors, à lui de se trouver à manger !

(épisode suivant)

3 commentaires

  1. La présentation n’est vraiment pas commode, screugneugneu! Je ne sais jamais où cliquer pour trouver la suite. En même temps ça ajoute à l’intensité dramatique.

  2. La présentation est vraiment trop pratique, damned… C’est com’ dans du beurre, ou dans un pot de beurre. Du coup, j’ai l’impression d’être dans le feu de l’action, ça renforce le côté dramatique !

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